on ne débarrasse pas les gens de leurs idées comme on les débarrasse de leur manteau à l'entrée de certains restaurants.Mohamed Aïssa, notre ministre des Affaires religieuses, me pardonnera sans doute, mais ce n'est pas avec une caravane culturelle qu'il va pouvoir immuniser les Algériens contre ce qu'il appelle lui-même «l'invasion sectaire». On ne transforme pas la pensée des gens, on ne leur fait pas changer de conviction en leur envoyant quelques muftis ou quelques «cheikhs» de là-haut, le temps d'un thé ou d'une brève discussion à propos d'un faux hadith ou d'une vraie fausse interprétation de quelques versets. Dans les pays qui se respectent, ça ne marche pas comme ça! Prétendre le contraire c'est faire fi du bon sens et de la décence intellectuelle. Ceux qui ont «envahi» notre pays avec les idées que le ministre des Affaires religieuses veut combattre aujourd'hui n'ont pas mis une journée pour accomplir leur oeuvre. Ils n'ont certainement pas mis des mois à travailler en sous-marins.Ils ont dû piocher depuis des années parce que, justement, les gens ne changent pas de conviction «bayna achiyyatin wa dhouhaha»! Non, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Alors, envoyer une caravane, tout juste bonne à sillonner les routes de notre vaste Algérie et lui fixer comme objectif, immédiat et rapide, de faire renoncer les gens, peu importe leur nombre, à des convictions que d'autres ont mis tant de temps à leur inculquer, voilà qui relève de l'illusoire, pour ne pas dire du fantasmagorique.Qu'un ministre des Affaires religieuses constate et reconnaisse «une invasion sectaire en Algérie», c'est certes du courage, mais c'est aussi, et surtout, l'aveu de l'échec du ministère sur le même plan. C'est reconnaître l'absence du ministère et de l'Etat durant toute cette période pendant laquelle «les autres» travaillaient. Des officines occidentales' Peut-être, mais ce sont avant tout des Algériens qui, par faiblesse, par méconnaissance, par bêtise ou, peut-être, par une pseudo-conviction, sont allés vers d'autres horizons idéologiques. Et ces Algériens l'ont fait pendant que, au ministère, on s'occupait de choses beaucoup moins importantes et beaucoup plus discutables. Non, on ne débarrasse pas les gens de leurs idées comme on les débarrasse de leur manteau à l'entrée de certains restaurants.Si le ministère voulait vraiment préserver, un tant soit peu, ce que l'actuel ministre veut préserver, il avait du temps, des moyens et des ressources pour cela. Il avait tout le temps pour contrer la ou les sectes en question. Il avait tout le temps pour éviter le lavage de cerveaux qu'ont subi certains de ces jeunes Algériens qui, aujourd'hui, ne savent plus qui suivre, ni comment le suivre.Le ministère des Affaires religieuses avait tous les moyens possibles pour éviter d'en arriver là.Ce n'est pas aujourd'hui, avec une caravane culturelle, (appelez-là religieuse si vous voulez, cela ne change rien), qu'on va faire tout le travail qu'aurait dû faire le ministère durant au moins deux ou trois décennies. Non, ce n'est pas comme ça. Ça ne fonctionne pas comme ça!
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Posté Le : 10/10/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aissa HIRECHE
Source : www.lexpressiondz.com