Algérie

ça chauffe!



ça chauffe!
«La chaleur dilate les corps. C'est pourquoi les jours sont plus longs en été qu'en hiver.» Léo Campion
On peut en dire autant des prix! Vraiment, rien ne va plus! D'abord, il y a cette chaleur implacable qui écrase un pays assoiffé! La sueur dégouline de partout. Les vêtements sont trempés. Pas un maigre souffle de vent n'agite les feuilles encore vertes du saule rabougri qui semble vouloir se débarrasser de son écorce craquelée pour respirer un peu. Même les douches répétées n'arrivent pas à éteindre le feu qui dessèche les gorges et qui brûle la peau et les os. Heureusement, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne: ici, les climatiseurs tournent H24 et là, des mains invisibles attisent les incendies des forêts. Le pauvre citoyen, déjà laminé à traîner un couffin rétif à se remplir devant des étals en feu, est désemparé. Il voudrait bien avoir les pieds dans l'eau dans une quelconque crique, loin du bruit et de la fureur d'un marché dont la toiture en zinc transforme cet espace clos et encombré en étuve, accablant des passants qui n'ont plus qu'un but: sortir au plus vite de cette fournaise! Cette année, le bord de mer semble inaccessible parce que c'est trop loin, parce que c'est trop cher, ou parce que c'est trop surpeuplé; on ne sait plus où donner de la tête. D'abord, il y a la chaleur insupportable qui agit négativement sur tout: les prix à la consommation flambent! Fruits et légumes sont intouchables. Encore un peu on se demanderait si, comme après l'adoption du nouveau franc, on n'aurait pas oublié une virgule quelque part. La virgule, c'est le salaire, la retraite, la pension qui, miraculeusement, échappent à toute dilatation intempestive grâce à l'effet prolongé d'une austérité programmée à l'ombre des climatiseurs. Pauvres vieux! Non seulement ils ont sué pour arriver jusqu'à la retraite, mais encore, ils doivent suer dans les salles surchauffées des centres payeurs pour toucher leur portion congrue. Quelles statistiques pourraient un jour donner le bilan d'une vague de chaleur sur une frange de la population usée, paupérisée et délaissée par les autorités locales ou nationales' Mais mon vieux, les décideurs ne sont pas des gérontologues ou des gérontophiles! Quand un vieux meurt, c'est toujours de mort naturelle! On n'en parle plus! Il faut peut-être un jour, parler de la manière dont ils sont reçus dans les hôpitaux! Que sera demain quand l'espérance de vie suivra le cours du brut' Le prix du brut' Parlons-en! Il dégringole actuellement et nul ne sait de quoi sera fait demain. Tout le pays est en récession: agriculture, sport, culture... Mais le prix du brut, lui, grimpe aussi vite que les produits alimentaires. Tiens! Les prix à la consommation ont commencé à dériver bien avant les timides augmentations des retraites. Les salaires attendront peut-être l'épilogue d'une rentrée qui ne s'annonce pas encore, car le mois sacré est un mois de trêve pour tous sauf pour les bourses et les ventres creux. Encore heureux celui qui a un salaire et qui est déclaré à la sécurité sociale. Et celui qui travaille au noir. Il existe ou il n'existe pas' To be or not to be... On ne sait pas encore ce que nous sortira la prochaine tripartite dont les membres semblent avoir été frappés de mutisme: encore un effet pervers de cette canicule! Je suis sûr que Sidi-Saïd prônera toujours le dialogue, constructif évidemment. C'est ce qui manque dans le cinéma algérien: des bons dialogues, toujours avec le bon mot pour faire vivre les désespérés afin qu'ils puissent patienter jusqu'à l'avènement d'un homme-providence qui se penchera de nouveau sur la situation des masses déshéritées. Heureusement que, à côté de tout cela, il y a le feuilleton de l'été qui tente vainement de peser sur la torpeur qui s'abat sur le pays: l'Otan en Syrie, les extravagances de la justice suisse: de quoi allécher le lecteur friand de scandales sans grande conséquence.
Et pour tout arranger, voilà la facture Sonelgaz qui vient nous rappeler qu'il faut aller mollo avec le climatiseur!


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