C'urs et esprits heureux

Il nous arrive quelques fois de croiser fortuitement des sympathies débordantes pour reconfigurer notre état d'esprit et redorer un environnement humain qui ne cesse de nous contrarier. Nos impossibles accommodements avec les violences aux multiples visages et sans relâche nous ont enseigné à tort que la vie en communauté s'était définitivement tarée d'embûches éternelles. Mais à la rencontre fortuite et surprenante de saines consciences, les a aprioris et les jugements négatifs disparaissent par la force d'un échange de mots heureux avec une sincérité simple et évidente. Pourtant, la prédisposition au partage de la concorde ne repose sur aucun intérêt matériel et elle est parfois déroutante. Elle étonne immanquablement parce que la société a fini par se plier aux échanges bassement et crûment intéressés entre les hommes pour que les amitiés et le vivre ensemble deviennent des produits boursiers à vendre et s'incrustent dans les rapports en objets de troc. Les proximités humaines, y compris celles familiales n'ont pas échappé à cette nouvelle culture allant jusqu'à piétiner la retenue et la pudeur.La gratuité des sentiments et la volonté dépouillée du moindre marchandage, aussi surprenante qu'elle soit à la rencontre d'âmes bien nées, se profilent alors en une mine d'or pour constituer sans aucuns frais une immense richesse inépuisable.
A ses débuts, le Hirak avait pris cette bienheureuse teinte. Les prédispositions à servir ses semblables et à les accompagner sans calculs par le simple langage ne seraient donc pas tant dans les rues bruyantes que dans les c?urs et dans les esprits. Elles sont tapies dans les recoins et se cachent derrière les rencontres inopinées pour étaler de l'optimisme, du bonheur né d'une grandeur d'âme insoupçonnée. Ce baume élargi et dispensé par chacun est sans conteste le réel Hirak et pourrait s'instituer en ressource colossale sans frais bien plus profitable que la puisée dans un quelconque minerai. Pour peu qu'il soit élargi, il est une arme et un outil gratuits ne nécessitant aucun sacrifice pour entraîner un peuple vers le progrès et la prospérité.
Le rien devient trésor et la simple disponibilité de soi envers les autres devient un réel programme politique. Sa richesse nourricière, une fois ancrée familière, aura une consistance et des attributs qui ouvriront la voie aux meilleures des politiques.