Algérie

C'ur de lumière



Ifru Design prend son envol, la vitesse de croisière est là, bien régulière, plusieurs expositions en vue, et des projets en perspective. Ici bas, du 13 avril au 4 mai 2019, au 139 boulevard Krim Belkacem au Télémly, des allures printanières donnent le ton à l'émergence de couleurs évanescentes, aériennes sous la touche sensible de la charmantissime Katia Challal?récit donc !Lunettes intello, sourire accroché au visage comme un viatique d'humanité pris en bandoulière dans la pure tradition des amitiés inopinées, un accent québéquois qui fleure bon le sucre d'érable, certes mâtiné d'un zest d'épices kabyles originelles qui laissent au français la part belle d'une discussion attendrissante. Les réflexions s'enchaînent à dimension humaine, modestie à toute épreuve, la plasticienne sait ce qu'elle veut et reste certaine de ce qu'elle ne veut pas. Elle révèle au fil des mots les indices d'une personnalité hors-pair, avec son appartenance liée aux voyages et aux découvertes les plus inattendues. Katia Challal, femme sans âge, possède en fait l'âge de ses rires, et de ce regard fascinant qui vous fait face, comme dans une interrogation insistante?Elle est de retour en 2005, sur les traces ultimes de ses ancêtres, dans les vallons escarpés des Bibans, vingt ans sont passés, elle décide de renouer avec ses origines, revient sur les lieux de souvenirs et d'enfance pour effacer un tant-soi peu les étapes d'une vie passée de France au Canada avant de signer son retour à la source, la «Thala » de Oued Amizour, celle des cousins attachants, de la vie à portée de voix, des oncles protecteurs, d'un village entier devenue petite ville qui lui offre les radiations illimitées du milieux famillial et de son affectueuse générosité. La source, c'est aussi la présence artistique en Algérie, la matrice évidente illustrée par quelques projets artistiques et aussi une exposition intitulée « L'Envol » présentée dans cette nouvelle galerie aux tonalités vertes et blanche qu'est Ifru Design. Il s'agit donc d'une collection assez ancrée dans l'abstraction, onze, ou douze travaux peu importe ! Posés sur les cimaises comme des valises, ou plutôt comme des bagages imposants, portant en soi les informations d'une vie, les peintures de Katia Challal n'apportent ni réponses ni compromis de compréhension. Regarde qui voudra, comprenne qui pourra ! Dans une surcharge d'émotion, la triple trajectoire est évoquée, à fleur de peau, à fleur de sentiments hétéroclites entre rire, bonne humeur et embruns dans les yeux. La naissance est vite racontée, les Pyrénées dans toutes leur vastitude, Pau, la ville des parents, l'enfance heureuse et puis Paris l'impérative étape, les professions s'y pressent, c'est ici que l'art, toutes les techniques de colorations y passent, elle y passe maitre, les copains sont sympas, mais Paris fonctionne à une autre vitesse. Katia n'est pas rétive à la grande ville, mais elle est sur un autre rythme, fait d'attente, de temps et de don de soi et de découverte de cette capitale qui a tant à offrir mais qui est impardonnable avec ceux qui prennent tout le temps de vivre. Depuis 27 années pleine, la petite Chaâllal devient un beau brin de femme et s'épanouit en mettant de la couleur tout autour d'elle, elle se rappelle avec émotion cette peinture réalisée déjà à l'âge de douze ans, qui sera le point culminant du début d'une carrière mise de côté l'espace d'une formation EPS et l'enseignement de cette matière pendant un temps, pour ensuite lâcher du leste et se consacrer à un voyage en répondant à l'appel de l'Amérique du nord, sous la forme de demandes pressantes des « copains » du coin, qui lui disent que la vie est belle de ce côté-ci de l'Atlantique. Mais sous le ciel gris de Montréal, le moral n'est pas totalement au beau fixe, la jeune femme est fille de l'onde bleu turquoise et de soleil doré à la chaleur vivifiante. Elle se sent ici comme l'ont sans doute étés ses parents, une immigrée !!! La neige d'ici-bas n'est pas son élément primordial, il manque le soleil et les échos des montagnes qui chantent les printemps et les automnes ensoleillés de la gente Amizour, là-haut dans les vallons qui tutoient le soleil de près? Pourtant, depuis quelques 27 années emplies de sunlights, de stars côtoyées, d'acteurs de cinéma, de théâtreux de tous bords, Katia Challal plonge son inspiration dans tout ce qui, à peu-près de près ou de loin, porte l'estampille culturelle, entre théâtre, littérature, festivals divers, elle est partout à colorer, peaufiner, rendre beaux les autres, elle s'enrichit de ces rencontres, de ces lumières, des voix intellectuelles, des comédiens, acteurs et autres écrivains qui avec les chanteurs feront d'elle une amoureuse des arts, et aussi une cinéphile avertie férue de belles images, de paroles notoires et de couleurs vivaces. La vie montréalaise laisse la part belle aux voyages, dans le monde, les voyages forment la jeunesse, et ils forment aussi son goût de la découverte, avec ces paroles du père affectueux qui l'encourage à découvrir, le monde, la gastronomie, les traditions, les autres aussi ! Le retour à Montréal reste agréable, mais voilà, cette plasticienne si prolixe, voit que la boucle est bouclée, elle a vécue ici des choses essentielles, elle a bien gagné sa vie, mais la primordiale réponse est dans la source. Le regard bien droit, elle affirme résolue? « Ma mère c'est l'Algérie, ma belle mère c'est la France, et ma terre d'adoption c'est le Québec ». Elle réalise même un dyptique de 2,40 m sur 3 m qu'elle intitule « L'essence-même » qui est une sorte de rite de passage vers cette minuscule porte du recommencement, entre temps, cette idée de retour de la fille prodigue est enrichi par les pérégrinations algériennes qui la mèneront d'Oran à El Oued et de Ghardaïa à Djanet en passant par la Kabylie dans toute sa magnificence, Katia Challal, plus curieuse sous les cieux originels sera comme un coq en pate et fera beaucoup de route en Algérie à la découverte de la mère-terre en roulant sur toutes les routes d'Algérie, du nord au sud, d'est en ouest, jusqu'à plus soif. Et puis ensuite l'émanation d'un projet titanesque, un projet géant dont la teneur reste évanescente, elle refuse d'en dire plus, sauf qu'il y'a des plasticiens, des sociologues, des anthropologues, le reste est inclus dans les trois points de suspension qui ponctuent l'énoncé de cette grande idée. Dans ce cheminement, elle est un peu coaché par le plasticien Karim Sergoua pour un workshop aux Beaux-arts d'ici le 1er mai 2019 après une exposition collective menée ces jours-ci à Izmir pour un retour ensuite à peaufiner ce projet qui taraude encore ses sens et qui prend plus de temps que prévu, mais du temps elle en a, elle reçoit sans interruption des amis, des collectionneurs et prend plaisir à répondre aux interviews, avec tout l'assortiment de l'attitude nord-américaine, la classe au pouvoir. Nous la quittons avec l'accolade de rigueur, cette artiste qui présente ses abstractions avec quasiment sur chaque peinture de grandes plages quasiment neutre, laisse le mystère planer sur des pistes dorées, des pistes largement travaillées au pinceau avec le plus de zénitude possible. Sur un mur, elle nous lance quelques neuf compositions qui donnent le ton à un arc en ciel apprivoisé sous la forme de carrés disposés juste en face de la porte, elle en impose par ses travaux, même si on peut ne pas adhérer à la formule. La plasticienne Katia Challal dit ce qu'elle a à dire, tout simplement, sans fioritures ni excédent de bagage logorrhéique. Son exposition se tient jusqu'au 4 mai 2019, les portes sont ouvertes au 139, boulevard Krim Belkacem, entrée libre, café à la demande?


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