Algérie

« C'était notre terre à tous »



« C'était notre terre à tous »
L'écrivain français signe un livre d'une rare puissance. Avec une langue-torrent, Mathieu Belezi dresse le portrait d'une famille coloniale à la limite de la rupture. Une saga polyphonique à bride abattue. Il est où le point ' Comment respirer, où s'accrocher pour reprendre son souffle dans ce torrent d'histoire, des histoires. Mathieu Belezi a décidé de raconter l'Algérie coloniale avec six voix, une polyphonie cacophonique, envahissante. Il ne nous narre pas une Algérie, mais plusieurs. Mais toujours avec une belle langue. Avec un style original, fleuri et un sens du rythme aigu, il donne à lire et à voir. Le passé a de l'avenir. Il se joue de tout le monde, propriétaires terriens ou simples bonniches. Et l'auteur restitue tout le drame de la terre algérienne. Le roman est l'histoire des Saint-André, une famille de colons qui règnent depuis des décennies sur le domaine de Montaigne, 653 hectares d'oliviers, de vignes et d'orangers. Les Arabes, on ne disait pas les Algériens, triment pour rien ou presque. La dame du domaine s'évertue à tricoter des pulls aux orphelins et s'étonne que ces derniers ne soient pas plus reconnaissants. De la charité en place et lieu de la justice. Des livres sur l'Algérie coloniale, il y en a eu des bibliothèques. Mathieu Belezi a su trouver les mots et les personnages adéquats. Hortense, la mère et la gardienne du domaine, et Fatima, la domestique kabyle devenue aussi la gardienne des lieux dans des circonstances particulières, sont très attachantes. Dans une ambiance étouffante qui ne dénoterait pas des Etats du sud de l'Amérique. Une dialectique entre le maître et l'esclave. Qui a le plus besoin de l'autre ' D'où vient l'aliénation ' Dans un rythme incantatoire, les personnages dissèquent leur vie avec la précision d'un chirurgien. Ils nous racontent, dans un chant funèbre, la fin d'une certaine Algérie. Les douleurs ne sont pas muettes, elles mènent à la folie. Et dans une terre que le sang abreuvait à satiété, dans un pays nourri de haines tenaces, les douleurs trouvent une oasis fertile. Et au moment des départs, les déchirements ne sont que plus lancinants, envahissants.


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