Algérie

C'était l'heure de Mo Farah



Un retour fracassant. Après trois années consacrées aux courses sur route, la star de l'athlétisme britannique Mo Farah a dignement fêté ses retrouvailles avec la piste en s'offrant le record de l'heure (21,330 km), vendredi à Bruxelles.Le coureur d'origine somalienne (37 ans) efface ainsi des tablettes une légende du demi-fond, l'Ethiopien Haile Gebreselassie, qui avait parcouru 21,285 km en 60 minutes, le 27 juin 2007. Dans un stade du Roi-Baudoin fermé au public pour cause de coronavirus, le quadruple champion olympique (5 000 m et 10 000 m en 2012 et 2016) n'a pas été perturbé par l'absence d'ambiance et s'est parfaitement remis en selle sur le tartan, lui qui vise une nouvelle médaille d'or sur 10 000 m aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Accompagné notamment par le Belge Bashir Abdi, son compagnon d'entraînement et 2e performeur européen de tous les temps sur marathon (2 h 4 min 49 en mars à Tokyo), Farah a rempli sa mission, bien lancé par trois lièvres et guidé également par un système lumineux lui permettant de rester dans le bon tempo du record. Seul avec Bashir à la mi-course, il a finalement lâché le Belge dans la dernière minute pour s'approprier le record. «Je suis très heureux ce soir, c'est une belle façon de montrer aux gens ce qui est possible», a déclaré Farah. «Je suis par contre très fatigué. A un moment, on ne savait même plus où on en était avec Bashir mais on s'est aidés et on a travaillé dur pour réussir ce record.»
L'ombre de Salazar
Le Britannique referme ainsi brillamment une parenthèse ouverte fin 2017, moment qu'il avait choisi pour délaisser les stades pour tenter sa chance sur le bitume. Malgré quelques résultats probants (victoire au marathon de Chicago et 3e place au marathon de Londres en 2018), il a sans doute compris qu'il lui serait compliqué de venir titiller le roi Eliud Kipchoge sur la distance (42,195 km). S'il retrouvera la route le 4 octobre à Londres, ce sera seulement pour jouer les lièvres lors du duel tant attendu entre le Kényan et l'Ethiopien Kenenisa Bekele, les deux marathoniens les plus rapides de l'histoire. Farah a aussi une réputation à défendre après la suspension de quatre ans infligée en 2019 à son ancien mentor, l'Américain Alberto Salazar, pour «incitation» au dopage. Une affaire qui a sérieusement terni son image. Ironie du sort, une autre ex-élève du sulfureux technicien a imité le Britannique à Bruxelles puisque Sifan Hassan s'est emparée du record de l'heure chez les dames (18,930 km), propriété depuis 2008 de l'Ethiopienne Dire Tune Arissi (18,517 km). La Néerlandaise (27 ans), qui avait marqué les esprits aux Mondiaux de Doha en 2019 avec un doublé inédit 1 500 m-10 000 m, s'est même payée le luxe de dominer la Kényane Brigid Kosgei, détentrice du record du monde du marathon (2h14 min 4 sec). «Je ne me sentais pas bien avant le début de la course, j'ai même vomi», a-t-elle expliqué. «Mais après trente minutes, je me suis enfin sentie mieux. C'est dans les vingt dernières minutes que j'ai gagné la confiance dont j'avais besoin. Quand il ne restait plus que deux minutes à l'horloge, j'ai juste donné tout ce qu'il me restait. Je suis très heureuse. Avec quelques semaines supplémentaires d'entraînement en altitude dans les jambes, je me sentais forte mais ce résultat est quand même une surprise.» Au rayon record, Armand Duplantis a, en revanche, échoué à déboulonner le mythique Sergei Bubka, toujours le plus haut perchiste en plein air (6,14 m en 1994). Deux jours après sa démonstration à Lausanne (6,07 m), le recordman du monde (6,18 m franchi le 15 février en salle) a été stoppé à 6 m, ratant ses trois essais à 6,15 m.


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