Algérie

"C'est une belle leçon pour le système"




Et si les obsèques populaires de Hocine Aït Ahmed servaient de déclic pour provoquer la transition démocratique longtemps revendiquée tant par l'opposition que par le peuple ' C'est, du moins, tout le mal que souhaite pour l'Algérie Abderrezak Makri, président du Mouvement pour la société de la paix (MSP), qui invite les tenants du pouvoir à méditer et à retenir cette "belle leçon" que venaient de leur donner les citoyens à l'occasion de l'enterrement de l'un des pères de la Révolution et fervent défenseur de la démocratie."Les funérailles populaires de Hocine Aït Ahmed auxquelles nous avons assisté avec beaucoup de fierté nous ont donné la chair de poule. Nous y avons vu des images terrifiantes. Le peuple a démontré qu'il est attaché aux symboles de la Révolution et à la grande personnalité que fut Aït Ahmed, patrimoine de tous les Algériens. Le système doit ainsi retenir cela comme une leçon et comprendre que, quoi qu'il fasse, il ne peut exclure une quelconque idée, ni marginaliser une quelconque personnalité comme il a fait pour Aït Ahmed, Chaâbani et bien d'autres", a-t-il clamé, hier, en marge d'une réunion organique d'évaluation des activités de son parti. Tout en rendant hommage aux habitants du village d'Ath-Ahmed, terre natale de Dda L'Hocine, pour "l'accueil chaleureux" qu'ils lui ont réservé, M. Makri raconte que le cortège du Premier ministre, qui a tenté vainement de se rendre sur les lieux de l'enterrement, a été empêché par la seule volonté des citoyens et que la famille du défunt n'y était pour rien. Il a dit avoir eu une discussion avec les membres de la famille du défunt, notamment son fils qui lui a fait la "confidence" que la famille d'Aït Ahmed "n'a donné aucune directive aux citoyens pour empêcher le passage du cortège officiel". "Ils ont voulu s'imposer, mais le peuple les a refusés", lui dira encore le fils d'Aït Ahmed.Rappelant, par ailleurs, les deux combats, le premier pour la libération du pays et le second pour les droits de l'Homme et la démocratie, pour lesquels Hocine Aït Ahmed a consacré sa vie, le leader du MSP appelle, à ce titre, ses militants à faire de la "concrétisation de la déclaration du 1er Novembre" leur combat à eux. Au régime qu'il accuse d'avoir provoqué la "dislocation de l'Etat qui s'approfondit de plus en plus avec la guerre des clans engagée au sommet", M. Makri appelle les plus hauts responsables à "cesser de croire que l'Etat leur appartient". "Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Monsieur Gaïd Salah, Monsieur le chef du DRS, Monsieur Abdelmalek Sellal, Monsieur Saïd Bouteflika, l'Etat ne vous appartient pas, il appartient au peuple !" s'est-il exclamé, arrachant les applaudissements nourris de son assistance. Sans transition, M. Makri ne manque pas de réitérer sa conviction que le projet de révision de la Constitution relancé par Bouteflika n'est que de "la poudre aux yeux".Pour lui, ce projet est "irrecevable" de la part d'un président de la République dont la crédibilité est "triplement entamée" pour n'avoir tenu aucune de ses promesses depuis 2011 à ce jour. Il lui reproche de n'avoir pas tenu ses trois promesses relatives aux "réformes profondes", annoncées en 2011, ni la révision "constitutionnelle comme couronnement de ces réformes", encore moins "la réalisation d'un consensus autour de cette Constitution". M. Makri juge que le plus important aujourd'hui, c'est plutôt l'instauration d'une instance indépendante pour une surveillance des élections car, dit-il, "la fraude électorale constitue le problème majeur de la vie politique dans notre pays". Il a rappelé, avec un brin d'ironie, une confidence que lui avait faite un officier à la retraite selon qui "la fraude, dans ce pays est plus importante que la corruption". Cette fraude, ajoute-t-il, connue et reconnue, en outre, par au moins cinq anciens chefs de gouvernement.F. A.




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