Algérie

C'est un opéra, c'est un repas arabe sur une table française



C'est un opéra, c'est un repas arabe sur une table française
- Quels sont vos sentiments de voir enfin aboutir l'opéra en arabe Kalîla wa Dimna au festival lyrique d'Aix-en-Provence 'Je suis très content de faire ce premier opéra arabe en France avec une histoire arabe, des artistes arabes. Je suis fier de cette création d'origine arabe.- Un commentaire sur l'opéra 'Cet opéra est tiré de la culture arabe qui est très riche. J'ai essayé de dire nous sommes là et qu'avec Kalîla wa Dimna, on rend visible la vitalité de notre culture, d'ailleurs en lien direct avec la culture française, puisque le célèbre écrivain Jean de La Fontaine s'en est inspiré pour ses Fables. En plus, Kalîla a du sens. C'est une histoire très humaine d'abord. C'est-à-dire comment pouvons-nous changer un système ou un régime de dictature sans violence. Aujourd'hui, c'est un message important à présenter en France sur ce que nous sommes vraiment dans la grande culture que nous représentons.- Pourquoi cette ?uvre est-elle un lien entre l'Orient et l'Occident dans la forme musicale et le livret 'La racine de Kalîla, c'est l'Inde à l'origine jusqu'à Baghdad. Ibn Al Muqaffa l'a traduit au VIIIe siècle et a ajouté des éléments. Moi, j'ai fait correspondre ce je suis avec l'idée des voyages. Les musiciens sont de plusieurs origines : Turquie, Liban, Tunisie, Maroc, Palestine? On a vraiment conçu un mélange et en même temps la mise en scène est du Français Olivier Letellier? On a fait une musique orientale et une mise en scène occidentale. C'est un repas arabe sur une table française.- D'où est venue l'idée de la création d'un opéra en arabe 'En 2008, j'ai travaillé pour la première fois avec le festival d'Aix-en-Provence pour l'opéra Zaïde de Mozart. Bernard Foccroule m'avait présenté à Peter Sellars qui faisait la mise en scène. On m'avait demandé de créer une musique arabe en intro où les esclaves chantent. De l'allemand sur de la musique arabe.Cette première expérience dans le monde de l'opéra avait été pour moi différente et nouvelle. C'était nouveau pour moi, car dans la culture arabe l'opéra n'existe pas. Pour moi, c'était là la naissance de mon rêve de réaliser un opéra arabe. Pour cela, notre langue et notre musique sont d'une grande diversité de style et peuvent s'y prêter. Je crois qu'on peut le faire, alors que personne n'avait jamais essayé. Cela demande beaucoup d'énergie et de moyens financiers et humains sans savoir si cela va marcher ou non. Il faut un certain courage.- Aimeriez-vous que cet opéra voit le jour dans votre Palestine natale 'J'aimerais bien, mais la situation politique est impossible. Je ne peux même pas aller voir à Ghaza ma mère qui depuis deux ans est malade. Je n'arrive pas à partir. Nous avons des chanteurs qui sont Libanais ou d'ailleurs, comment viendraient-ils à Ghaza, il faut passer par Israël.- Enfant, à Rafah, dans le territoire de Ghaza, quels étaient vos rêves les plus fous 'La liberté ! Jusqu'à présent. Je crois qu'une bonne partie des exilés actuellement ne partent pas pour gagner leur vie, car certains gagneraient plus chez eux. Ils sont là pour la liberté.- Vous avez joué et chanté pour les printemps arabes, cet événement historique qui pour l'essentiel a touché la Tunisie, bouleversé l'Egypte, la Libye et plus durement la Syrie. Quel regard portez-vous à présent de cette aspiration des peuples arabes 'J'ai chanté pour la liberté. Il y a des pays comme la Tunisie qui ont gagné plus de liberté. D'autres où l'armée a piégé les gens, comme en Egypte. Il faut garder l'espoir. Pour changer de régime, la violence n'est pas le bon choix. C'est aussi l'enseignement du langage des animaux dans Kalîla wa Dimna. Par l'art, par l'humour, par la culture, on peut changer pas mal de choses.


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