Algérie

«C'est un double verrou qui influence directement les politiques algériennes»



L'instabilité à nos frontières constitue un dossier extrêmement crucial qui conditionne en grande partie le devenir de la région. « La Libye est un double verrou qui influence directement les politiques algériennes, qu'elles soient économiques, sécuritaires ou géostratégiques», selon le politologue Mohamed Laïchoubi.Invité de la rédaction de la Radio Chaîne 3, M. Laïchoubi a expliqué que la stabilisation de la Libye constitue un enjeu immédiat pour les pays du Sahel et euro-méditerranéens, rappelant que « la Libye est, à la fois, la première entrée vers le Sahel et la capacité de déstabiliser le Sahel concerne également l'Algérie dans ses frontières sud » en plus d'être «un pays méditerranéen en face de la Sicile, l'une des plus grandes bases maritimes de l'OTAN». Il revient également sur la position géographique de ce pays voisin qui représente un couloir du transit international. «Vous avez à votre droite l'Egypte et Suez, et en face, le prolongement de la mer Noire», dit-il en expliquant que ce couloir offre l'accès aux grandes puissances de l'Est comme la Russie, et permet le transit de nombreux transferts gaziers et d'énergies qui se font via ce couloir. En réponse au ministre libyen de l'Intérieur, Fathi Bachagha qui avait déclaré « si Tripoli tombe, Tunis et Alger tomberont à leur tour », le politologue précisera : « L'Algérie ne tombera pas parce que c'est une société qui a l'habitude du combat, une Nation qui sait lutter pour sa liberté .» Par contre, il admettra qu'être « en difficulté ou sous pression économique est une certitude » par rapport aux zones d'insécurité qui peuvent être créées. M. Laïchoubi a estimé que l'Algérie connaît « les velléités de morcellement d'un certain nombre de puissances ». L'Algérie se déploie actuellement sur le front diplomatique pour une solution politique et négociée et pour l'invité de la radio, « l'enjeu sécuritaire de la Libye est évident ».
Quant à sa lecture de l'intervention turque dans le conflit libyen, l'ancien diplomate a donné son avis en expliquant que « la nouvelle stratégie des Etats-Unis, celle de la gouvernance bismarckienne qui a évolué depuis l'ère de Trump estimant que chaque partie doit prendre sa part de responsabilité en financement, en initiative et en maîtrise de sa région, et les Etats-Unis ont laissé ainsi plusieurs pays qui émergent dans leur région. Et c'est le cas de la Turquie, mais tout en restant fidèle à la grande puissance que sont les Etats-Unis», soulignant par la même occasion les grands besoins énergétiques de la Turquie. Face à l'évolution de la situation en Libye, l'Algérie continue à refuser toute ingérence étrangère dans les affaires des Etats et des pays.
Selon M. Laïchoubi, on n'a pas voulu de la présence de l'Algérie dans le conflit mais, il fera remarquer « la réponse intelligente » de notre pays qui a rappelé que rien ne sera fait sans les pays concernés d'où « cette stratégie combien intelligente d'inviter les pays frontaliers ».
Ilhem Tir


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