Algérie

"C'est un acquis fondamental qui est remis en cause"


La dissolution administrative de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a provoqué un flot de réactions dénonçant "un pas grave" de la part des autorités politiques du pays, tout en apportant un soutien franc à cette organisation, née au lendemain des événements du 5 Octobre 1988."Après des centaines d'arrestations, un pas grave vient d'être franchi, une organisation de jeunes agréée depuis 28 ans, ayant pris part à de nombreux combats démocratiques, la restauration de la paix durant la décennie noire et accompagné la révolution du 22 Février 2019, est dissoute par voie administrative", a dénoncé le Parti des travailleurs dans un communiqué, estimant que "la dissolution du RAJ ce 13 octobre, association fondée après les événements d'Octobre 1988, confirme la volonté de remise en cause de l'ensemble des acquis du peuple algérien et des libertés arrachées par le sang de plus de 500 jeunes victimes lors des événements du 5 Octobre 1988. C'est le droit à la liberté d'organisation et de création d'associations indépendantes, c'est un acquis fondamental qui est remis en cause".
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a affirmé, pour sa part, que "la dissolution du RAJ signe désormais l'impossibilité pour la 'Nouvelle Algérie' de tolérer l'existence de tout espace autonome', lit-on dans un communiqué rendu public en milieu d'après-midi.
"Le RCD condamne cette nouvelle escalade dans le déni des droits fondamentaux des citoyens", ajoute le texte, réitérant la solidarité du parti à l'association présidée par Abdelwahab Fersaoui, lui-même ayant été emprisonné durant plusieurs mois pour son engagement actif dans le Hirak.
D'autres militants de cette association, dont son ancien président Hakim Addad, font, eux aussi, l'objet de poursuites judiciaires en raison de leurs positions et de leur militantisme au sein de la révolution du 22 Février.
Le Front des forces socialistes (FFS) a également réagi à la dissolution du RAJ à la suite d'une plainte du ministère de l'Intérieur. "Cette procédure judiciaire inéquitable est considérée comme un précédent qui ne s'est pas produit, et on en a vu de pareille depuis l'avènement du pluralisme politique, associatif et médiatique sanctionné par la Constitution de 1989", rappelle le FFS qui "considère la pratique associative comme un droit constitutionnellement garanti et qu'il est dangereux et inacceptable qu'il soit compromis ou retiré".
Et de souligner, dans son communiqué, que "le FFS reste attaché au principe de l'organisation et du cadrage libres et indépendants de la société, et estime qu'un changement pacifique et ordonné ne se produira que grâce à une société structurée et organisée", dénonçant le "tout-sécuritaire dans le traitement des affaires publiques" que les autorités utilisent comme seule réponse aux revendications pacifiques des citoyens.
Pour sa part, l'ONG Amnesty International (AI) a qualifié la décision de la justice de "coup porté aux droits humains en Algérie". Dans une réaction à chaud sur le site d'AI, la directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de cette ONG, Amina Guellali, a affirmé que "la décision de dissoudre l'assemblée nationale de la jeunesse (RAJ) est un coup porté aux droits humains en Algérie", expliquant qu'il s'agit "aussi d'une indication inquiétante de la détermination des autorités à réprimer l'activisme indépendant, les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique".

Lyès MENACER
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