C'est triste la vie d'un artiste

Les artistes comme le reste de la société, plient leurs chevalets pour aller en vacances. Chapeau de paille, chaise longue, les voilà trempés dans un paysage qui convient à leur muse. Face  à la mer, le dos à la campagne dans une asymétrie cavalière ils arrivent a joindre les deux bouts. Leur talent n’est plus à vérifier, dans un réflexe professionnel, entre deux brasses ils reviennent sur le croquis inachevé pour réactualiser l’image du jour. Le coucher du soleil, un banal sujet qui pointe au rythme de l’horloge. Une fin de soirée qui s’efface pour une nuit ou la lune apparaît comme un trophée à décrocher. C’est l’espoir qui prend place dans les cœurs, l’artiste peintre dans son ultime sursaut d’orgueil  se détache de son siège pour aller cueillir l’étoile qui manque tant à son palmarès. Le rêve c’est son dada, il arrive à nous transmettre toutes les expressions qu’il endure. Le bonheur, la tristesse, le doute, et enfin l’humour, espoir dans lequel il  tourne la société en dérision. Mais plus que tout, l’artiste continue à nous faire balader dans le rêve. A chaque forme de visage ou de paysage l’esprit peut dores et déjà lire, deviner, prendre la température d’un environnement tantôt sublime tantôt démythifié. La dégradation des lieux par la bêtise humaine est venue exacerber  cette sensibilité à fleur de peau que le peintre nous renvoie. Triste bilan à rapporter dans la toile de l’artiste. Dans cette atmosphère atypique, le soleil continue de briller, les vacanciers nullement inquiétés par ce qui se passe ailleurs poursuivent leur détente. Sur le rivage, non loin de leurs orteils le léger bruit de vagues vient bercer leur quiétude. Dans cette féerique scène de vacances dorées, il y a  comme un goût d’inachevé. L’artiste peintre ne s’est toujours pas mêlé à la faune humaine pour compléter son œuvre. Il recherche l’inspiration, celle qui fera vibrer son tableau aux yeux des autres.