Algérie

"C'est triste de voir son pays envahi par des étrangers"



L'Expression: Pourquoi avez-vous choisi de faire ce travail sur Mohand Oumoussa Aouaguenoun malgré les difficultés liées au manque de documentation'Youcef Limani: Si j'ai choisi ce travail effectivement difficile, c'est d'abord, parce que je voulais corriger une injustice entretenue pendant deux siècles. Ce grand poète a été oublié, voire même ignoré. Pour moi, un chercheur doit aller sur le terrain chercher les données par tous les moyens. Un travail de recherche, ce n'est pas uniquement dans les bibliothèques et l'Internet. Ce poète est un sujet difficile parce que justement sa poésie est éparpillée dans la tradition orale. Mohand Oumoussa Aouagunoun a refusé tous les honneurs conditionnés par la divulgation de ses poèmes aux scribes français.Vous avez attaqué ce chantier sachant quand même que la documentation est rarissime'En fait, dans ce travail, je ne me suis jamais senti seul. J'ai trouvé des personnes qui se souviennent de cet illustre personnage. Elles ont des souvenirs même si toutes étaient jeunes. Leur apport m'a énormément facilité la tâche. Elles ont surtout enrichi mon travail. Il est tout de même regrettable qu'un travail sur Mohand Oumoussa Aouaguenoun n'ait pas été entrepris par des chercheurs en la matière. Parmi les témoins, il y avait même une femme qui l'a côtoyé de près. Elle l'a beaucoup aidé à la fin de sa vie. C'était la femme de son neveu. Une guérisseuse connue sous le nom de Taâtouchith. Elle a continué à habiter la demeure de ce poète jusqu'à sa mort, il y a quelques années seulement.Pouvez-vous nous décrire un peu comment il a vécu l'arrivée de l'armée française'Trop triste. Beaucoup de poèmes attestent de sa tristesse de voir son pays envahi par des étrangers. Sa sagesse légendaire a tout de même fait de lui un conseiller inévitable des Aït Kaci. Belkacem, le dernier de leur lignée voyait en lui un visionnaire. Mohand Oumoussa Aouaguenoun n'était pas pauvre. Il vivait aisément de son art de tambourin. Il se produisait même en France. Il sillonnait tous les coins d'Algérie allant jusqu'en Tunisie mais il était loin de paraître comme un clochard. Jusqu'à présent, dans son village à Agouni Hamiche, dans la commune de Makouda, les descendants de sa famille ont hérité de vastes propriétés terriennes.Comment avez-vous pu réunir les moyens financiers et techniques pour la réalisation de ce documentaire'Personne ne m'a aidé. Personne ne s'est proposé de m'aider. Pourtant, beaucoup savaient que j'étais sur ce travail. Je l'ai fait de mes propres moyens. Ce n'est pas ce qui m'importe. Je tiens, puisque L'Expression me donne l'occasion, de lancer un appel aux pouvoirs publics pour qu'ils se penchent réellement sur ce personnage qui a beaucoup donné à la culture algérienne en toute humilité et sans fanfare ni de lui ni de ses descendants comme on a l'habitude de le voir de nos jours. Nous voyons des budgets en milliards consacrés à d'autres poètes de moindre envergure que Mohand Oumoussa Aouaguenoun. Peut importe, désormais, il sera de la responsabilité des responsables de la culture en Algérie de lever l'ostracisme qui frappe ce personnage..


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