Algérie

«C'est simplement fini»



Quelque chose s'est cassé entre l'Algérie et la France' Est-ce irréparable' Cela semble bien être le cas, du moins pour un long moment encore. C'est ce qui a été clairement affirmé par le président Tebboune. Dans un entretien qu'il a accordé à un quotidien allemand, le Spiegel, le chef de l'Etat a dit, en réponse à une question «on n'a plus à coopérer ensemble. Peut-être que c'est simplement fini maintenant».Les propos de Abdelmadjid Tebboune sont durs, mais à la hauteur de la dérive commise par Emmanuel Macron. Le président français qui a transgressé toutes les règles du discours politique mesuré, usité même en temps de tension et de crise, s'est permis une digression d'une gravité extrême qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait commise. En fait, on peut dire qu'à l'exception de la crise de février 2005 où le Parlement français avait adopté une loi reconnaissant «le rôle positif de la colonisation», entre l'Algérie et la France, il y a eu beaucoup de fâcheries, vite oubliées.
Même en 1971, lorsque le président Boumediene avait annoncé la nationalisation des gazoducs comme celle de 51% des avoirs des sociétés pétrolières françaises et que Paris avait décrété, deux mois après, la fin des «relations privilégiées» avec l'Algérie, un gel des relations a été observé, mais il ne s'agissait pas d'une cassure comme aujourd'hui.
Entre coups de froid et gestes d'apaisement, les deux Etats ont donc entretenu des relations complexes, hantées par les déchirements du passé, mais respectueuses. Il y a eu la tache qui a terni les relations en 2005. À l'époque, le défunt président Bouteflika avait déclaré que cette loi révèle «une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme».
Un an plus tard, l'article controversé de la loi a été abrogé. Il y a eu brouille après la diffusion de documentaires télévisés sur le «Hirak» ou en raison de la réduction de la délégation qui accompagnait le Premier ministre Jean Castex pour une visite à Alger, finalement annulée. C'est parce que les liens entre Alger et Paris sont très profonds que l'on a toujours pensé que comme il y a déjà eu tant de crises dans le passé, il y en aura sûrement d'autres dans l'avenir.
Mais cette fois, c'est différent. Une ligne rouge a été franchie. Macron a remis en cause l'existence même d'une nation algérienne avant la colonisataion soutenant que l'Algérie, après son indépendance, s'est construite sur «une rente mémorielle», entretenue par «le système politico-militaire». Cette interrogation, faussement innocente d'Emmanuel Macron sur l'existence de la nation algérienne a blessé le peuple algérien qui y voit une nouvelle marque de mépris de la France à son égard.
Abdelmadjid Tebboune le dit d'ailleurs clairement «je ne vais pas être le premier à faire le pas, sinon je perds tous les Algériens (...) C'est un problème national, ce n'est pas un problème du président de la République. Aucun Algérien n'accepterait que je reprenne contact avec ceux qui ont formulé ces insultes (...). M. Macron a blessé la dignité des Algériens». Et lorsqu'il s'agit de dignité, les intérêts, quelle que soit leur importance, passent au second plan. Evidemment, un clash avec Paris est toujours problématique au regard de l'imbrication humaine entre les deux rives de la Méditerranée, mais cela ne doit, en aucun cas, obliger l'Algérie, Etat et peuple, à baisser même pas le regard, loin de là de parler de la tête.


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