Algérie

C'est raté, pour la jubilation



On ne saura peut-être jamais qui les a inspirées. Survenues dans la foulée des annonces de Bouteflika le lendemain de son retour de Genève, les premières manifestations aux relents de liesse populaire ont d'abord commencé par susciter de l'incompréhension. Qu'est-ce qui pouvait bien inciter le mouvement populaire à crier victoire dans les décisions contenues dans le message du chef de l'Etat ' On pouvait bien sûr comprendre que le «renoncement au cinquième mandat», même tel que formulé et conçu, pouvait être entendu comme un début de réponse à la revendication majeure de la rue algérienne. Et voir dans ce premier élan une réaction spontanée de jeunes avides de triomphe, qui n'ont pas forcément le recul et la patience nécessaires à une lecture sereine du message. Ce n'est pas du tout évident, parce que tout au long des manifestations précédentes, les observateurs avertis ont souvent été agréablement surpris par la lucidité des protestataires et leurs capacités à formuler avec une rare pertinence leurs revendications, tout en en saisissant les grands enjeux. La suite de la journée confirmera rapidement la donne, puisque la «liesse » et les cris de victoire ont vite fait place nette à d'autres raisons d'investir à nouveau la rue. Déjà le génie dans la mise à jour formelle et une plus grande détermination à aller au bout. Le «5» a cédé sa place au «4+» sur les premières pancartes et dans la foulée les promesses d'un vendredi encore plus imposant. Si jamais il y a eu un moment d'euphorie, on a vite compris l'essentiel du message par lequel on les invitait à? rentrer à la maison. Parce qu'on n'a pas besoin d'être un fin analyste pour décrypter le contenu du message d'Abdelaziz Bouteflika : une copie édulcorée de sa déclaration de candidature. Peut-être bien une copie dont les mesures ont été revues à la baisse : ce qu'il promettait d'entreprendre après son «élection», il compte le faire en prolongeant anticonstitutionnellement sa mandature sans durée précise ! Et puis ces hommes avec qui il compte mener la «transition». D'abord Ramtane Lamamra qui a déjà vendangé son réel ou supposé capital sympathie en acceptant de revenir pour un strapontin après avoir été viré sans ménagement. Puis Bedoui. Il faut se rappeler que le ministre de l'Intérieur a déjà été envisagé à la place d'Ouyahia, sans la pression de la contestation populaire, dans les plus beaux moments de certitude et d'arrogance du pouvoir. C'était le temps où il pouvait encore dire sans sourciller que le temps des liftings à fusibles n'avaient pas vécu. En pleine marée populaire contre le cinquième mandat et la fin du système, c'est ce même Bedoui qu'on a envoyé au charbon : pour toute «initiative »? politique, on l'a missionné pour menacer, au chevet d'un policier blessé, par la «rigueur de la loi». Un symbole et tout un programme.S. L.


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