Algérie

C'est quoi une marche socio-professionnelle ' Point Net



C'est quoi une marche socio-professionnelle ' Point Net
«La marche des chômeurs n'a pas eu lieu»' à Alger. Elle n'a pas eu lieu, non plus, dans plusieurs régions du pays, puisque seules les wilayas du sud, Ouargla, Laghouat, Ghardaïa, Tamanrasset et El Oued ont connu des rassemblements de protestation contre les «promesses non tenues du gouvernement». On savait qu'on n'allait pas marcher à Alger, puisqu'on ne marche plus depuis la capitale depuis longtemps, même quand il s'agit de demander du boulot. D'ailleurs les choses étaient claires dès le départ. Le «gouvernement», celui d'Ouyahia et sa suite, celui de Sellal, n'ont rien promis. Il a seulement pris des «mesures» pour améliorer l'emploi dans les régions du sud du pays, qu'il s'agit de «généraliser au reste du pays». On le savait : dans le traitement de la colère des chômeurs, les «promesses» sentaient à mille lieues la motivation politique.Dans le volume des ambitions gouvernementales en la matière, dans le douteux enthousiasme à dire oui quand la lucidité et le réalisme commandaient plus de prudence, dans l'injonction faites aux entreprises publiques de recruter dans des conditions que ne permettent ni leurs besoins ni leurs moyens, dans l'implication d'institutions qui n'ont pas vocation à résorber le chômage dont la plus déroutante est' la police nationale et surtout en l'absence totale d'une stratégie économique, pierre angulaire de tout projet de création d'emploi. On a donc promis des emplois comme on cède à un caprice d'enfant avec une promesse de lendemain qu'il finira par oublier.
Mais le travail est une chose sérieuse. Ce n'est pas tout à fait une gâterie qui s'oublie, passé l'irrésistible envie du moment et refroidie dans le sommeil ou la distraction. A Ouargla comme à Alger, à Ghardaïa comme à Aïn Témouchent, le chômage est un gros problème. On peut bien le cacher à Alger sous prétexte que les manifestations publiques y sont interdites.
Il arrive même que pour plein de raisons, les appels à la contestation ne mobilisent pas outre mesure. C'est apparemment le cas, cette fois-ci où seuls quelques dizaines de jeunes sont rassemblés à l'appel de la coordination nationale, dispersés avant que les passants n'aient eu le temps de les voir. Au sud, on laisse faire pour des raisons politiques. A Alger, on disperse même quand il n'y a pas grand monde à disperser. Pour des raisons politiques aussi ! Alors, on n'a pas donné de boulot aux jeunes du sud parce que le boulot, il faut le créer, on n'a pas donné du boulot aux jeunes du nord, parce qu'on ne leur a rien promis.
On a seulement dit que les mesures prises pour le sud vont être généralisées dans le nord du pays. Et elles ont été généralisées. Avant-hier, les chômeurs d'Alger n'ont pas marché parce qu'ils savaient qu'il n'y avait presque rien à espérer et parce qu'ils savaient que la police veille.
Les policiers étaient d'ailleurs les seuls à rappeler qu'il devait y avoir une marche. Au sud, on savait que les promesses étaient politiques, ils ont alors averti que leur action n'avait rien de' politique : «strictement socioprofessionnelles», ont-ils écrit sur les banderoles. On pouvait lire sur une autre banderole : «Pour l'application de la loi». Hier, on n'a pas donné de boulot aux chômeurs du sud. A Alger, la «loi» a été appliquée : les marches sont interdites.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)