Les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur ce vendredi matin ne seront certes définitifs qu'après validation par le Conseil constitutionnel. Toutefois, ils permettent déjà une lecture assez complète. Â Sur les 389 sièges de l'APN, le FLN en a pris 136, soit près de 35%, alors que le RND (61 sièges) et le MSP (52 sièges) ne totalisent ensemble que 29,4% des sièges. Cette répartition de la représentation au sein de l'APN débouche sur une structure du pouvoir au sein de l'assemblée doublement favorable au parti de Belkhadem. En position de leader, le FLN aura, en plus, à passer un mandat tranquille, du moment qu'aucune alliance « normale » ne pourrait perturber sa quiétude. Désormais, c'est le FLN qui imprimera aux travaux de l'APN ses choix et ses ambitions. Il en a tous les atouts et toute la latitude. Cette situation, qui n'est certes pas anormale en soi, porte toutefois en elle les possibilités d'un règne « sans partage » qui risque de miner le processus de décision démocratique dans l'enceinte de cette institution. Â Sur un autre plan, les chiffres rendus publics soulignent quelques aspects importants qui méritent attention. Â Les députés qui ont un niveau de post-graduation seront au nombre de 70, soit 18% des sièges, alors qu'ils étaient 73 lors du dernier mandat et occupaient presque 19% de ces sièges. Ce « déclin » est confirmé par ailleurs dans le cas des universitaires qui, de 245 en 2002, soit un taux de 63%, ne sont plus que 235 avec un taux de 60,4%. Ceux qui n'ont pas de niveau d'instruction ou qui, au mieux, ont fréquenté le lycée, occuperont, pour leur part, 21,6% des sièges, dont 6,5% pour ceux qui n'ont aucun niveau d'instruction. Â Au moment où, autour de nous, les compétences prennent possession des rênes de leur pays, en sommes-nous encore aujourd'hui à élire des gens sans niveau d'instruction pour leur confier la charge de légiférer pour le nôtre ? Se rend-on seulement compte que nous ne sommes plus dans les années soixante ? Â Cette situation est elle aussi due aux listes proposées par les partis. Des listes dans lesquelles tous se défendent d'avoir voulu garantir une représentation correcte des différentes tranches d'âge et des différentes catégories socioprofessionnelles de la population. Mais en réalité, même de ce côté-ci, les choses ne sont pas meilleures. Â Les députés âgés de moins de 40 ans, au nombre de 57, représentent seulement 14,6% des sièges, alors que ceux qui ont dépassé la cinquantaine, au nombre de 199, occuperont pour leur part 51,6% des sièges. Dans un pays essentiellement jeune, le moins que l'on puisse dire à propos de cette structure, c'est qu'elle ne reflète aucunement la structure réelle de la population et qu'il lui sera donc difficile de prétendre à une prise en charge des problèmes de la jeunesse. La faute n'est certes pas aux électeurs, elle incombe aux partis qui n'ont pas su intégrer la tranche des jeunes dans leurs listes. Â Le scrutin, frappé par un taux d'absentéisme des plus forts, est un rejet, entre autres, de ces pratiques. Alors, c'est pour quand le changement ?
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Posté Le : 19/05/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Aïssa Hireche
Source : www.lequotidien-oran.com