Algérie

« C'est pour avoir parlé de la femme de Chadli que Mecili a été assassiné »


L'avocat et président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, maître Ali Yahia Abdenour, accuse l'ancien président Chadli Bendjedid d'avoir ordonné l'assassinat de l'avocat et membre du Front des forces socialistes, Ali Mecili. L'invité d'El Khabar El Ousboui estime que cet assassinat n'est pas « politique », « ni lié à la rencontre d'Aït Ahmed et Benbella en 1985 à Londres, dont il a été l'initiateur et qui devait se solder par la création d'une alliance de l'opposition algérienne à l'étranger ». Selon maître Ali Yahia Abdenour, il survient plutôt après que Mecili se soit attaqué à l'épouse de l'ancien président Chadli.Maître Ali Yahia Abdenour souligne que le défunt Mecili avait publié dans l'hebdomadaire du FFS Libre Algérie, dont il était directeur, un dossier de deux pages évoquant la conduite de l'épouse de Chadli. « Dans un de ses numéros, ce même hebdomadaire, qui avait reçu une subvention d'Ahmed Benbella d'un montant de 800 millions de francs, avait fait part du déplacement de la première dame d'Algérie de l'époque à bord d'un avion spécial en Suisse, et une fois arrivée à un des aéroports de ce pays, Mme Chadli avait refusé de payer les droits d'atterrissage en justifiant qu'elle était la présidente de la République algérienne et qu'elle n'avait rien à payer. » Maître Ali Yahia indique que la presse suisse avait relaté ce fait, que Libre Algérie avait repris dans un de ses numéros. « Ceci a mis hors de lui le président Bendjedid qui a convoqué le général Larbi Belkhir pour lui dire que si les choses sont arrivés jusqu'à toucher nos femmes alors il faut y mettre un terme », a-t-il indiqué, en notant que Chadli Bendjedid avait chargé Belkhir de s'occuper de l'affaire.Ceci et de se poser tout de même la question : « Est-ce à dire que l'ordre d'exécution de Mecili avait émané de la présidence ' », s'interroge Ali Yahia Abdenour, qui se demande aussi si la réouverture du dossier après 20 ans ne cache pas « une intention de se débarrasser de Belkhir ».Maître Ali Yahia répond par l'affirmative à ses deux questions et appuie son argumentaire sur le fait que Belkhir a évité de se faire coincer par la justice française. « Il se trouvait à Paris pour des soins à l'hôpital américain lorsqu'on lui avait demandé de quitter vite le territoire français à bord d'un avion spécial qui lui a été envoyé d'Alger. » L'un des fondateurs de la Laddh a indiqué par ailleurs que « même si la France n'est le pays des droits de l'homme, il reste que la justice française est indépendante et que personne n'est en mesure d'influencer son jugement. Tant que l'affaire du diplomate Hasseni est entre les mains de la justice, le gouvernement ne pourra rien faire ». Maître Ali Yahia notera, par ailleurs, que même l'ex-officier du DRS, Mohamed Samraoui, est passible de poursuites judiciaires dans l'affaire, puisqu'il était présent lors de la transmission de l'ordre de mission de tuer l'assassin Abdelmalek Amelou par Rachid Hassani. Ceci et de rappeler que c'est le ministre de l'Intérieur français, Charles Pasqua, qui a aidé Amelou à fuir de France puisqu'il se trouvait « à bord de son avion à destination de l'Algérie ». Maître Ali Yahia est revenu dans sa longue intervention à El Khabar El Ousboui sur un autre assassinat dont le secret n'a pas encore été entièrement percé.Il s'agit de l'assassinat de l'opposant Chaâbani. « L'exécution de Mohamed Chaâbani a obéi au même mode d'élimination des adversaires opéré durant la guerre de libération. Chadli a évoqué son jugement et affirmé avoir sollicité, dans cette affaire, le pardon de Ben Bella. Mais une cour révolutionnaire est en droit de ne pas prononcer la peine de mort. Ils prononcent la sentence puis accusent Ben Bella d'avoir insisté sur l'exécution de ce verdict. C'est là l'expression d'une tradition purement algérienne », a indiqué l'invité d'El Khabar El Ousboui dont l'opinion penche pour l'incrimination de Chadli plutôt que Ben Bella dans cette affaire. « Chadli était magistrat dans cette cour et aurait dû, avec Saïd Abid, s'opposer au nom de la loi et de la révolution à l'élimination de Chaâbani. Ce n'est pas Ben Bella qui est à mettre dans le box des accusés, mais tout le système politique » a estimé Ali Yahia Abdenour.
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