Algérie

C'est pas moi, c'est l'autre!



«Plaider l'ignorance n'enlèvera jamais notre responsabilité.» John Ruskin
L'ami Hassan m'écoutait attentivement lui brossant un tableau noir mais réaliste de ce que fut la gestion de l'audiovisuel au pays des miracles. Il en savait un petit bout sur la question puisqu'il avait «travaillé» dans cette usine à mensonges pendant presque trois mois. Bien qu'ancien moudjahid, il a été «remercié» simplement à la faveur d'un changement impromptu de directeur général. Cela lui est resté sur le coeur comme une frustration pour la simple raison qu'il adorait le secteur de l'information malgré sa formation de financier. Et c'est toujours chez moi qu'il vient chercher le temps qu'il fait dans le secteur, bien que ces derniers temps je sois un peu déconnecté. «Le mal est à la racine, repris-je après avoir bu une rasade de cette liqueur qui délie les langues et inspire les esprits. «Ab ovo»! Comme disent les Latins. Si au départ, on avait gardé les compétences et prôné ce beau sentiment qu'on appelle la réconciliation, cela ne se serait pas passé ainsi. Mais à l'époque, les ambitions étaient débridées: chacun rêvait de se placer au mieux dans une société soumise à un profond bouleversement.
Alors, la compétence, on l'a remisée au grenier. Voilà pourquoi votre fille est malade. Un exemple éloquent: à l'époque, il semblait tout à fait normal de nommer comme directeur général un simple speaker qui était passé maître dans la communication. Cet as de la propagande avait-il la capacité de résoudre les problèmes que pouvait poser une administration dont la complexité résidait dans le nombre excessif de métiers qu'elle réunissait et dans l'importance et la multiplicité des tâches qui lui incombaitent' Et puis, l'irruption de gens qui n'avaient qu'un rapport lointain avec le poste qu'ils visaient et qui leur a été attribué a porté un coup fatal au professionnalisme. C'est ce qui est important! La formation des hommes et des femmes et aussi une rigueur absolue dans l'observation des règles et des principes ont donné à ce secteur l'attrait qu'il provoque chez les gens. Ceux qui ont pris de grandes responsabilités n'étaient pas préparés pour: ils ont dû garder un certain complexe vis-à-vis de ceux qui les ont connus petits ou qui savaient mesurer leur capacité à ne pas résoudre les problèmes ou à prendre les décisions qu'il faut au moment qu'il faut.
Il s'en est suivi de leur part une certaine indulgence qui s'est vite transformée en laxisme. Dernièrement, il y a une jeune journaliste qui m'a téléphoné pour me demander une entrevue. Elle voulait des renseignements sur la grande mésaventure des archives filmées dans notre pays. Cela me gênait un peu, car j'en avais déjà parlé beaucoup dans le passé. J'ai même écrit quelques chroniques qui relataient mes nombreuses découvertes dans le désordre organisé de ce territoire abandonné. Il y a même une journaliste française qui, en me rencontrant, m'a dit: «Ah! c'est vous qui parlez tant des archives!» C'est pour te dire! Je ne pouvais pas en parler sans mettre en cause l'incompétence criminelle de ceux qui ont géré cette précieuse matière qui est la mémoire du peuple. Mais, le tort revient à ceux qui ont nommé les gens qui, pendant trois décennies, ont mis à mal un patrimoine commun.
Comment voulez-vous qu'un directeur général, qui a sous sa responsabilité plusieurs directeurs de secteur qui ont eux-mêmes des chefs de département, lesquels font agir des chefs de section qui se préoccupent plus des missions à l'étranger ou des avantages financiers de leur carrière, puisse se préoccuper du sort d'une bobine de film'»


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