«Il faut qu'il
ait tué bien des gens pour s'être fait si riche».Molière
L'équation à
plusieurs variables et autant d'inconnues est devenue un véritable casse-tête
algérien. Et lorsque l'Algérie invente un casse-tête huilé avec la seule rente
des énergies fossiles, bien performant sera l'ordinateur qui y trouvera un
semblant de solution. L'hymne officiel reprend invariablement les mêmes
couplets ânonnés au gré d'une activité «officielle», au détour d'une fièvre
provoquée par l'affaissement pendant quelques minutes du prix du baril. Arrêter
la progression du béton et développer le travail et les produits du sol pour
tirer à la baisse la facture des importations de bouffe, booster les industries
nationales (privées/publiques) à l'exportation, faire monter des voitures
localement en organisant des transports collectifs (terre - mer - air - rail)
des plus modernes, toujours ponctuels pour diminuer la pression et les
inconvénients générés par la voiture individuelle... Mais il y a le casse-tête
bien spécifique dont les contours ne cessent d'être modifiés à l'emporte-pièce.
Une économie rentière saoulée au pétrole ou
bien une économie de marché libérée des tutelles et régulée par un Etat souple
sur la méthode et ferme sur les objectifs ? Des adhésions planifiées, négociées
avec des institutions internationales avec des échéanciers communiqués à tous
les acteurs économiques, politiques, culturels et mouvements associatifs ou
inventer, à chaque virage, un code de la route économique transitoire,
spécifique, conforme à nos constantes définies de façon ubuesque par le MSP qui
confond théologie, liturgie, gouvernance, psalmodies et musique celte ? C'est
aussi cela le casse-tête algérien fabriqué dans un atelier spécifique où les
ingénieurs sont soumis au week-end semi-universel, semi-islamique et à moitié
assimilé par les populations bien habituées à l'informel, aux bus assassins,
aux jeunes harraga de la désespérance, au couffin ramadhanesque à l'origine
floue et au contour indéfini qui fait un tour et puis s'en va.
Comme chaque année, à la même période, avec
les mêmes fléaux, vont se dérouler des exercices routiniers avec des acteurs si
peu changés, experts en matière «d'animation» sur un logiciel immuable bloqué
sur le statu quo. Les fléaux sont connus depuis des lustres: coupures
d'électricité qui établissent des records mondiaux, flambée de tous les
produits «carêmisés», avalanche d'accidents de la route avec moult
barrages-ralentisseurs sans plus, autogestion et auto-gouvernance dans les
cités et quartiers et déferlement continu de programmes TV avec en prime des
voisins qui nous envoient Nesma TV, sachant ce que l'image et la COM veulent
dire. Les officiels de la politique, de plus en plus déconnectés des «masses»,
surtout des jeunes, tentent vaille que vaille de donner un sens à la vie
politique. Des «universités» d'été comme celles de là-bas repassent des plats
périmés dans lesquels sont mijotées des définitions hallucinées et
hallucinantes de la nation, de l'Etat, de l'identité, récitées dans un jargon
primaire et primitif, à peine audible pour un singe autiste. Il fut un temps,
sous le parti unique, où l'Algérie avait des ministres, des responsables, loin
du degré zéro de la pensée et du verbe. Ils mentaient avec talent et
obéissaient en faisant croire à une indépendance d'esprit totale. Le champ
politique est réglé comme une horloge suisse. Il tourne sur lui-même, s'écoute,
se contredit et ses membres lèvent le doigt vers le ciel lorsque la bévue est
«hénorme». Le doigt pointé en direction du haut est le signe distinctif du
fonctionnaire qui se défausse et celui du responsable qui ne veut surtout pas
aller à une élection pour se légitimer. Sa seule légitimité est dans les pages
du journal officiel; elle vaut tous les bulletins de vote dont sont fiers des
ministres sous des cieux autres et démocratiques. La légitimité de tous ceux
qui annoncent des suppliques à l'adresse des commerçants pour s'en aller faire
carême, l'esprit tranquille, est dans le journal télévisé, le communiqué et la
conférence de presse officielle, après ou avant la visite officielle.
L'adjectif est considéré, lui aussi, légitimant, à ne pas confondre pour les plus
idiots avec une visite amicale, touristique ou médicale.
Le qualificatif qui accentue l'officialité
d'un cortège, lui aussi officiel, qui fait bouillir de rage et blasphémer en
plusieurs langues les automobilistes, est immuable, redondant, censé donner du
crédit. C'est comme qui dirait que la barbe pas propre, la robe masculine
d'Afghanistan feraient le bon musulman. C'est comme qui dirait que l'habit fait
le moine, que la kippa fait, etc., etc. L'exercice premier va donc encadrer la
flambée ramadhanesque des produits qui vont être surconsommés en cette période,
ce qui va avec la baisse drastique de la production et de la productivité.
Celle-ci sera accentuée par «le pont» de l'Aïd, la fin du Ramadhan, les
éventuels cas de grippe la yadjouz et les suites médicales dues au goinfrage du
mois de la bouffe reine et du roi sucre.
L'exercice déterminant est, lui, exécuté
depuis des décennies par les vampires du marché qui n'ont rien à voir avec la
camionnette qui va dans les cités. Le vampire, c'est son propriétaire, le
prince des étals, qui dirige une flottille qui va d'est en ouest, qui a le
monopole et le contrôle du commerce intérieur. Il arrose un circuit de
corruption d'intouchés intouchables qui agressent la dignité et les normes
nutritives des plus pauvres... La querelle née de la LFC est terminée pour
céder la place aux prix de la nourriture qui céderont la place au coût du
mouton, etc., etc.
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Posté Le : 20/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com