Algérie

C'est mon histoire, mes frères


«Nous n'avons pas où aller, le stade est notre seul oxygène. Ici, nous sommes sûrs qu'on peut tout faire sans le contrôle de personne», atteste un groupe de jeunes supporters du Mouloudia. Des dizaines de tubes écrits par les supporters traduisent la réalité d'une jeunesse «perdue», «sans avenir», qui réclame juste d'être écoutée. Tels des leaders, des jeunes se sont autoproclamés porte-parole, devenus par la force des choses artistes underground très écoutés et repris dans les arènes à  chaque match. Echappant à  tout contrôle des autorités, leurs chansons déclinent ainsi la biographie de nos jeunes. «Ka3ad fel houma, wa l'vide hakamni, jatni fi rassi nrouh lel port, ntesté el manege wa nsakssi el behri, chhal eddir l' prix» (assis dans ma cité, je souffre du vide, une idée me vient à  l'esprit, aller au port, voir comment ça se présente, je demande aux marins combien coûte la traversée) chantent les supporteurs de l'USMH. A l'origine, un tube intitulé Adieu l'Algérie du groupe Liiberta. Pour le groupe Tottenham, c'est le marasme dans lequel ils vivent qui inspire leurs chansons : «Krahna wa sbarna, kala3 ya lbahri, ermina fi Europa» (nous avons marre, nous avons trop patienté, démarre mon marin, jette-nous en Europe). Sous l'air de Alaiki menni salam, un nachid révolutionnaire, un autre groupe livre une autre histoire «Bayat dima sahrane, nkhamam nakhredj mel miziria, khbizti njibha hlayliya, ma nasrak ma natlab» (je veille tous les jours, je pense à  comment sortir de la misère, je veux gagner mon pain sans voler ni mendier). Pour les chanteurs de l'USMA, communément appelés «msam3ia», dont tous les supporters algériens attestent de la qualité de leurs chants, une autre version est avancée avec un fond politique : «Bladi ntiya chaba, harraga obligé 3lia, 3aychine bellah ghalab fi bladna baraniya, nahkilak ta3raf el ghorba 3lach biya, ana mazalni sghir, lazem ndir etawil» (mon beau pays, je suis obligé de partir, nous vivons avec Allah ghalab, nous nous sentons étrangers dans notre pays, je te raconte pourquoi je veux immigrer, je suis jeune et je veux construire mon avenir et une situation stable), regrettent-ils. Parfois les paroles prennent un autre virage, un discours provocateur et radical sur fond d'anciens slogans de l'ex-FIS. «Alayha narkad, alayha narkad, natal3ou leldjbal, kemya bel kemya» (sur votre discours je dors, mais je vais monter au maquis en me droguant). Et les supporters mouloudéens récapitulent : «Hadi hiya hkayti, khawti nkhalilkoum wssaya, khayfine ga3 hbabi, anaya nkala3, labled ga3 ma tferah'ch» (c'est mon histoire, mes frères, je vous laisse un conseil, moi je vais partir, nous avons tous peur, mais le pays ne procure pas la confiance).
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