Algérie

C'est ma vie



C'est ma vie
Elle qui, d'habitude, se distinguait par sa simplicité, a voulu épater Wahab le jour de leur premier rendez-vous. Souhila laissa tomber ses cheveux sur ses épaules et enfila sa jolie robe noire et son imperméable beige. Wahab se trouvait déjà à la bibliothèque, il l'attendait.Elle jeta un coup d'œil à sa montre et pressa le pas. Elle balaya du regard la salle et le vit au fond. Il lui fit signe de loin, elle se dirigea vers lui, les joues rouges. Il ne put s'empêcher cette fois de lui faire des compliments sur sa tenue. «Le noir te va à ravir, il contraste avec le blanc de ta peau.» Elle rougit et, sans transition, lui parle des révisions. Il ouvre son livre et entame «son cours». D'explications en débats, aucun d'eux n'a vu le temps passer. Elle lève la tête et regarde l'horloge qui lui fait face. «Il est déjà 17h, je ne m'en suis même pas rendu compte.» Il lui répond en la taquinant : «Tu sais, quand tu es avec moi, le temps s'arrête.»Ils se quittèrent sur cette pointe d'humour et se séparèrent à l'arrêt du bus. «On se voit demain», lui dit-il, sûr de lui. Elle acquiesça, heureuse qu'il le lui ait demandé. Ainsi, leurs rendez-vous se multiplièrent, leurs rencontres se succédèrent, et sans le savoir Souhila et Wahab formèrent un couple.Certains l'envièrent, d'autres s'apitoyèrent sur son sort, convaincus qu'il se moque de ses sentiments et qu'il l'ajoutera à la liste de ses conquêtes. Réda, qu'elle croyait disparu, réapparaît et revient à la charge. Les ragots vont bon train, et la nouvelle a vite fait le tour de la fac : «Souhila sort avec Wahab.» Réda, après plus d'un mois de persévérance, finit par coincer Souhila à la sortie de l'amphi. Elle eut envie de fuir, mais il l'a retient par le bras. «Je voudrais te parler. Je crois que je t'ai donné assez de temps pour réfléchir, j'ai droit à une réponse.» Elle baisse la tête, ne dit pas un mot et disparaît.Dépité, Réda n'a qu'une idée en tête, aller voir ses parents et la demander en mariage. Aussitèt dit, aussitèt fait. La rencontre s'est bien déroulée, et Réda fit très bonne impression pour le malheur de Souhila qui pleura les larmes de son corps. Il n'est pas question d'épouser un homme qu'elle n'aime pas. Son père fut catégorique.«Si tu laisses passer un aussi bon parti, tu ne remettras plus les pieds à l'université.» Elle n'en a cure. Elle resta à la maison une semaine, puis à l'approche des examens, la maman plaida la cause de sa fille : «Nous n'allons tout de même pas lui gâcher ses études, et puis, nous ne pouvons pas la forcer à se marier avec un homme qu'elle n'aime pas.» Le père, attendri, céda.Souhila reprit les cours et passa ses examens avec succès.'elle espaça ses rencontres avec Wahab qui, touché dans son ego, ne comprit pas sa réaction. «Comment une femme peut-elle me résister '» Elle finit par tout lui raconter. Il l'écouta attentivement et la félicita de sa décision : «Nous ne sommes plus à l'ère où la femme n'a pas le droit de refuser un prétendant.» Il se lança alors le défi de réussir là où Réda a échoué. C'est lui qu'elle prendra pour époux. Les parents de Souhila ne l'acceptent pas de gaîté de cœur. Il était en tous points de vue l'opposé de Wahab. Les noces furent célébrées et les deux tourtereaux entamèrent leur vie de couple.La lune de miel ne dura pas longtemps quand Wahab commença à papillonner. Tantèt c'est la collègue de bureau, tantèt c'est une voisine qui vient de perdre son mari et que Wahab se donne à cœur joie de consoler. Il multiplia ses conquêtes, pendant que Souhila, passive, continue de l'aimer et de le servir. On a beau la prévenir de ce que faisait son époux mais elle fait la sourde oreille, priant ses amis de ne pas se mêler de sa vie privée.Les jours passèrent, les années, deux garçons naquirent sans que Wahab se rende compte du bonheur qui l'entoure. Souhila, soumise à son gourou, s'enferma dans sa bulle et finit par accepter toutes ses maîtresses jusqu'au jour où le démon de minuit se réveilla.C'est une jeune fille d'à peine 20 ans qui le mettra à genoux. Belle, attirante, cette jeune stagiaire qu'il rencontra dans une entreprise, où il assurait une formation, lui tapa dans l'œil. Cette fois, il décida de vivre avec elle.Mais la nouvelle élue de son cœur consentira à l'épouser à condition qu'il divorce d'avec sa première épouse.Une mission qui s'est avérée délicate pour Wahab. Il prit son courage à deux mains et l'annonça à Souhila.Cette dernière, effondrée, n'en croyait pas ses oreilles. Il se proposa de céder le logement à ses enfants et la voiture, pourvu qu'elle accepte.N'ayant pas le choix et en désespoir de cause, elle finit par se rendre chez un avocat pour un divorce à l'amiable.Le mariage fut célébré en grande pompe, et Wahab croyait retrouver une nouvelle jeunesse. Mais la nouvelle mariée lui mena la vie dure.Le couple bat de l'aile, et c'est elle qui demanda le divorce. L'enfant qui naquit de cette union ne l'empêcha pas de quitter l'homme de 25 ans son aîné et qui était d'une jalousie morbide. La défaite, il ne l'a pas supportée. Il sombra dans le désespoir, mais n'abandonnera jamais.Il continue à courir les filles, à la recherche d'autres conquêtes. Il finit par en trouver. Sofia, une autre proie, pour se venger de Nassima, celle qui l'a rendu fou et qui l'a rejeté. Son troisième mariage durera le temps que naisse sa petite fille.Le pot aux roses fut découvert, et de nouveau il se retrouvera seul. A 65 ans, le tombeur de ces dames, l'intellectuel, le major de promo, épousera une femme illettrée qui l'a recueilli, sa cadette de 20 ans, qui le mène à la baguette, et avec qui il se fait tout petit. C'est avec elle qu'il finira ses vieux jours.




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