Désormais, à partir du 14 août, il faudra régler son repos hebdomadaire
au nouveau week-end semi-universel. Les derniers «jeudi-vendredi» de l'histoire
de l'Algérie alimentent le débat sur les nouveaux jours de repos du guerrier.
La dernière trouvaille du gouvernement suscite la controverse entre partisans
du week-end universel et ceux qui trouvent dans cette formule originale de
semi-universel la réponse qui allierait les considérations économiques et
religieuses
Pour les détracteurs du week-end
universel, le décryptage qui se fait aujourd'hui de cette expression
d'universalité du week-end n'est pas tout à fait dénué de religiosité. Pour
eux, samedi et dimanche riment avec synagogue et église donc le vendredi est
indéboulonnable. C'est une question de foi et de principes. Tout en
renchérissant que ces concepts de modernité et d'universalité ont servi et
servent encore au bout du compte et dans une ribambelle de situations qu'une
partie bien connue du Monde. Pour ces derniers, les exemples font légion.
De plus, ces opposants au
week-end universel pensent que tous ces illuminés, qui prédisent que l'Algérie
serait plus prospère avec un week-end universel, se trompent lourdement. Pour
eux, le mal est ailleurs. Au contraire ce nouveau week-end rallonge la relation
avec le monde économique à 4 journées par semaine (lundi, mardi, mercredi et
jeudi) et permettra de réduire de moitié les dépenses antécédentes. Ce qui est
une avancée en soi. Cette nouvelle mesure facilitera de nouveau aux pratiquants
d'accomplir leur devoir religieux. Pour ces adeptes du vendredi-samedi, tant
que la manne financière est là pour parer à toute perte, il faut en profiter et
ne pas délaisser ses convictions. Aussi, pourquoi se faire du mourant puisque
ces quelques millions de dollars engrangés iront comme à l'accoutumée dans les
mêmes poches.
Pour les autres, partisans du
samedi-dimanche, l'argument de taille est d'abord économique. Avec la formule
ancienne, l'Algérie ne travaillait que trois jours par semaine (lundi, mardi et
mercredi) dans ses échanges économiques avec le monde, plus une facture salée
de centaines de millions de dollars: ce qui est une calamité économique en soi.
Pour ces adeptes du week-end universel, il faudra sortir du champ idéologique
pour aller vers l'efficacité économique et apporter des changements.
L'impératif économique mondial exige que l'Algérie travaille au rythme de ses
partenaires étrangers.
En outre, les défenseurs du
week-end universel pensent qu'il peut y avoir des améliorations qui ne
remettent pas en cause les convictions religieuses. Ils se demandent pourquoi
mettre en avant à chaque fois ce côté religieux.
La prière du vendredi ne dépasse
pas une petite heure et encore pour les retardataires. Donc pour eux, même si
le vendredi devait être un jour ouvrable, cela ne changerait pas grand-chose
aux pratiques religieuses mais choisir le week-end universel changerait
beaucoup sur le plan économique. Le pays en a bien besoin. Pour ces partisans
du week-end universel, l'ignorance continue de faire le lit des intégristes. On
rompt avec le week-end islamique pour un repos hebdomadaire hybride. Et puis
comme l'Algérie est le pays des miracles, ce nouveau week-end la projette hors
du temps universel. Elle commence la semaine de travail le jour même où le monde
entier la termine.
En somme, on continue de
s'enliser dans les débats sempiternels et on oublie à chaque fois le vrai joyau
de la controverse.
La caricature qui résume la
polémique du «week-end semi-universel» en deux camps: le vendredi-samedi les
Algériens se reposent, le dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, ils (les
Chinois) travaillent, n'est pas aussi loin de la réalité. Si le pays est au
point mort où tout s'importe et se paye cash au port avec ces bateaux qui
accostent et qui exigent des paiements de retards, c'est que quelque part on a
rien fait pour renverser la tendance. On n'est pas aussi fameux que ça dans la
trime pour polémiquer sur les jours de repos. On prêche les faux-fuyants. On
prend le taureau par la queue pour que la fuite soit plus facile.
L'évidence nous dicte
obligatoirement de retrousser les manches pour éviter que demain les enfants de
ce pays ne retombent pas dans l'histoire de ce restaurateur qui avait mis un
écriteau sur sa devanture où on lisait «Mangez, vos enfants paieront pour
vous». Profitant de l'aubaine qui se présentait, un bonhomme entra et commanda
un repas frugal. Une fois régalé, il allait sortir sans payer comme mentionné
dans l'écriteau... Le restaurateur l'interpella «Monsieur, SVP, payez ce que
votre père a mangé».
Aussi, le laboureur aurait
peut-être insufflé aujourd'hui à ses enfants de travailler, de prendre de la
peine, car au fond c'est les week-ends qui manquent le moins dans ce pays.
*Universitaire
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Posté Le : 11/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Remmas Baghdad *
Source : www.lequotidien-oran.com