A Ghardaïa et sa région, la cueillette des dattes est aussi l’occasion pour les fellahs de faire découvrir leurs célèbres coutumes et traditions. Aussi, pour clore le labeur sur une note festive, les cueilleurs organisent traditionnellement un copieux repas : on l’appelle « la chakhchoukha ».
Ce qui malheureusement n’est pas le cas, puisque la cueillette coïncide cette année avec le mois sacré du Ramadhan. Toutefois, à l’occasion, quand certains pensent à observer une certaine léthargie, d’autres par contre s’apprêtent à retrousser leurs manches. Voici venu le temps de la cueillette. Suivez le fellah entre les ceps des palmiers et les régimes. Ceux qui se sont promenés dans les palmeraies cet été ont peut-être remarqué des régimes de dattes moins pleins que d’habitude. C’est la conséquence des grandes chaleurs et de certaines maladies phoénicicoles. Ces régimes prennent de la couleur, du vert et rouge, tandis que d’autres virent au doré. C’est la véraison. Les agriculteurs suivent cette étape avec attention, car elle précède celle de la maturation. Et quand les dattes sont mûres, il faut les cueillir. Le ban des cueillettes, c’est-à-dire la date à partir de laquelle ont peut commencer à cueillir, est déterminée par les fellahs eux-mêmes. Le cueilleur programme alors sa récolte en fonction de la maturité des dattes. Les cueillettes ont lieu traditionnellement entre septembre et novembre (pour Déglet Nour), mais restent tributaires des aléas atmosphériques : une forte pluie ou un orage de grêle suffit à gâcher une récolte. Si le temps n’est pas trop capricieux, la récolte des dattes à Ghardaïa pour 2006 devrait tout de même dépasser les 300 000 q. Si la mécanisation (échelles télescopiques) gagne du terrain, les cueillettes manuelles ont encore de beaux jours devant elles et séduisent une grande main-d’œuvre. D’El Menia à Guerrara en passant par Metlili, Ghardaïa et Berriane, la joyeuse effervescence qui anime les cueilleurs ghardaouis est visible. Aux premières lueurs du jour, les préposés aux cueillettes ont déjà leur poste au milieu des jardins armés d’un bon sécateur bien aiguisé et d’une bonne dose de courage. Car les régimes sont souvent hauts et les bras, mis à rude épreuve ! Un à un, les régimes de dattes passent du panier du cueilleur à la hotte des ânes porteurs avant de gagner les réserves, dépôts et marchés. Sous l’égide des propriétaires des jardins, les plaintes des cueilleurs cèdent vite le pas aux rires et, le soir venu, l’humeur est à la fête. A la fin des récoltes, la fatigue des premiers jours des cueillettes est oubliée, en se promettant de revenir l’an prochain. Mais on ne se quitte pas avant de déguster en groupe un verre de thé à la menthe accompagné de zlabaia ; Ramadhan oblige.
Posté Le : 03/10/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Hadj Daoud Aissa
Source : www.elwatan.com