Les pouvoirs publics ne semblent pas décidés à mettre de l'ordre dans le marché des véhicules d'occasion. Pourtant, c'est un marché qui représente des centaines de milliards de dinars de transactions informelles, non bancarisées et non sujettes à la fiscalité.Au moment où les pouvoir publics ont décidé d'organiser l'activité de la concession des véhicules neufs, il est à se demander quand verra-t-on aussi un marché d'occasion réglementé comme cela se fait dans plusieurs pays. L'ex-ministre du Commerce, Amara Benyounès, avait pourtant indiqué, lors du précédent Salon de l'automobile d'Alger, en mars 2015, que le gouvernement ne voulait plus laisser les véhicules usagés sans cadre juridique.Il avait à l'époque parlé d'un projet de décret organisant le marché de véhicules en préparation au niveau du gouvernement. «Il faut absolument qu'on arrive à organiser le marché de véhicules d'occasion. Nous allons mettre en place un groupe de travail pour préparer un projet de décret organisant ce marché», avait-il notamment déclaré. Au demeurant, jusque-là rien n'est apparu pour encadrer ce marché, où les ventes des véhicules d'occasion continuent de se faire, échappant à tout contrôle. Et l'Etat demeure ainsi perdant, dès lors qu'il ne prélève aucune taxe sur ce type de transaction où le consommateur n'est même pas protégé, puisqu'il ne bénéficie d'aucune garantie.Les concessionnaires de véhicules neufs ont, à maintes reprises, souhaité l'intégration de ce marché dans le circuit économique par l'ouverture de points de vente pour commercialiser ces véhicules d'occasion sous garantie et payer des impôts. Les pouvoirs publics comptaient à un moment donné taxer les véhicules d'occasion, mais cela est resté au stade de rumeur. Du coup, en l'absence de volonté des autorités de freiner l'extension sauvage, ce type de marché échappe au fisc ; pourtant, il nécessite un meilleur encadrement, surtout en ces moments de chute hémorragique des prix du pétrole.Pendant ce temps, profitant de la hausse des prix des véhicules neufs entraînée par les nouveaux cahiers des charges et le blocage de milliers de véhicules au niveau des ports qui s'en est suivi, les particuliers qui essaiment les marchés archaïques (El Harrach, Tidjelabine, pour ne citer que ces deux), font augmenter eux aussi les prix de leurs caisses.Profitant de l'absence de loi qui régisse ces «souks», ces points de vente sont dominés par les spéculateurs, qui dictent leurs propres lois.Pourtant, acquérir une voiture d'occasion dans ces endroits peut être une très mauvaise affaire en l'absence de garantie, sans oublier la résurgence d'autres problèmes liés au trafic de cartes grises, de numéro de châssis? Ceci lorsqu'on sait que des dizaines de vols de véhicules sont enregistrés annuellement par les services de sécurité.Plusieurs centaines de véhicules, en effet, changent de main chaque semaine dans les grands marchés d'occasion, où l'arnaque n'est jamais à écarter, dès lors que les véhicules volés sont souvent maquillés avec des falsifications des numéros de châssis pour ensuite être vendus dans ces marchés puis remis en circulation. Aujourd'hui, au-delà de l'inexistence d'une quelconque garantie pour les consommateurs, l'absence de tout cadre juridique pour ces marchés a généré un business des plus lucratifs qui échappe au fisc. N'est-ce pas un milieu où les pouvoirs publics peuvent récupérer des sous en ces temps de crise !
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Posté Le : 06/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R Bel
Source : www.elwatan.com