Algérie

C'est l'escalade !



La grève des postiers s'est poursuivie hier dans de nombreux bureaux de poste, à travers plusieurs wilayas du pays, malgré les promesses de la direction d'Algérie Poste de prendre en charge les revendications des travailleurs, et les menaces de sévir contre les récalcitrants.Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les postiers ne décolèrent toujours pas et nombre d'entre eux refusent de reprendre le travail, poursuivant ainsi le mouvement de grève qu'ils ont déclenché le 12 avril dernier.
Après les mesures annoncées par la direction générale d'Algérie Poste, certaines agences ont repris le travail, mais nombreuses sont celles qui sont toujours paralysées. Certains ont tenu à assurer un service minimum qui se limite au fonctionnement d'un seul guichet, avec uniquement le retrait comme service assuré, pendant que d'autres ont carrément fermé, avons-nous constaté hier lors d'une tournée à Alger.
« Les postiers poursuivent toujours la grève, surtout après la suspension de Zaoui Abderrahmane. Le mouvement est suivi dans les wilayas d'Alger, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Béjaïa, et dans les wilayas de l'Ouest. Le travail a repris dans les wilayas de l'Est, mais certains bureaux continuent d'observer la grève. À Alger également, certaines agences ont repris le travail », a affirmé Ammar Khodja Tarek, responsable au sein du Syndicat national autonome des postiers (Snap), syndicat agréé depuis 2015.
Contacté par nos soins, il a précisé que la grève est un « mouvement spontané, une déflagration ouvrière due au cumul des problèmes et pressions subis par les postiers », ajoutant à cela « la charge de travail, puisqu'en plus des journées de la semaine, les travailleurs de la poste travaillent également le samedi. Et on vient d'ajouter le vendredi, c'est une aberration ».
Cette situation a créé une forte tension que nous avons constatée, hier, dans les agences postales fortement sollicitées en cette période sensible de Ramadhan, par les retraités qui retirent leurs pensions et les fonctionnaires dont les salaires sont versés dans les comptes CCP.
Les clients exaspérés
Des chaînes sont formées à l'extérieur des bureaux de poste, où plusieurs personnes, notamment des vieilles femmes et des retraités, attendent désespérément leur tour pour y accéder. Exaspérés par cette grève qui dure depuis une semaine, des clients protestent et se considèrent comme otages d'un conflit qui ne les regarde pas.
Les travailleurs portent, selon Ammar Khodja Tarek, des revendications socioprofessionnelles. Ils exigent la réintégration des employés suspendus et rétablis par la justice, et l'arrêt de ce qu'il appelle « le terrorisme administratif », à savoir les licenciements et suspensions des travailleurs. Notre interlocuteur appelle également au respect des libertés syndicales, en dénonçant l'ignorance du syndicat autonome par la direction qui insiste sur « le syndicat maison de l'UGTA que les travailleurs rejettent », selon lui.
Aux revendications socioprofessionnelles, s'est ajoutée la colère contre la suspension de Zaoui Abderrahmane par la direction générale d'Algérie Poste. Ce dernier s'est distingué par son discours face au ministre de la Poste au deuxième jour de la grève. Avant-hier soir, cet employé a annoncé la décision de sa suspension, provoquant un vent de colère chez de nombreux travailleurs.
Dans un communiqué publié hier, le Snap a dénoncé cette mesure « revancharde et surprenante», au moment où les travailleurs attendaient la satisfaction de leurs revendications. Ce syndicat condamne « une décision irresponsable » et incombe l'entière responsabilité de ses conséquences à la direction d'Algérie Poste.
Et d'appeler cette dernière à la raison et de cesser la politique de fuite en avant, en ouvrant le dialogue avec les véritables représentants des travailleurs. La direction générale d'Algérie Poste a annoncé, avant-hier, une série de mesures visant à contenir la colère des travailleurs afin de revenir au travail.
Il s'agit de l'activation du système d'évaluation des primes de rendement individuel et collectif PRI/PRC, qui seront versées à compter du mois de juillet 2021, de l'octroi de deux jours de repos par semaine à chaque employé, après le mois de Ramadhan, la régularisation, avant le 30 mai 2021, du statut de tous les travailleurs faisant fonction autre que celle prévue dans leur décision de nomination. La direction a ajouté qu'elle a décidé d'?uvrer à la clarification des modalités d'application de l'article 104 du règlement intérieur relatif aux cas de suspension conservatoire, de manière à garantir la protection du travailleur contre les suspensions arbitraires, avec l'engagement d'examiner tous les cas soulevés dans un délai n'excédant pas trois mois.
« Ces mesures s'ajoutent à la prime d'intéressement, dont une partie a été versée au début du mois sacré et le reste après approbation du bilan annuel 2020 par le conseil d'administration », a-t-elle ajouté, menaçant d'engager toutes les procédures juridiques et réglementaires en vigueur, contre ceux qui se sont abstenus de rejoindre leur poste de travail.
K. A.


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