Algérie

«C'est l'Algérie qui est visée»



Le pacte de défense maroco-israélien n'a d'autre objectif que de provoquer le chaos dans la région et donner au Maroc une illusion de puissance face à son voisin. Mais cette illusion a tout de même un prolongement concret sur le terrain. Ainsi, à travers la visite du ministre de la Défense d'Israël au Maroc, «c'est l'Algérie qui est visée» a commenté le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil. S'exprimant à l'issue de l'adoption de la loi de finances 2022, Goudjil n'est pas passé par quatre chemins, pour décrire la réalité du moment. «Les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l'Algérie», a-t-il souligné. Il estimera, à ce propos, qu'«aujourd'hui, les choses sont claires». Pour le président du Conseil de la nation, la visite du ministre de la Défense israélien, «après celle effectuée par le ministre des Affaires étrangères de cette entité dans ce pays voisin» traduit un processus mis en place de longue date et dont le but consiste à porter la guerre dans la région. Goudjil en veut pour preuve que le ministre israélien des Affaires étrangères «avait menacé l'Algérie à partir du Maroc et il n'y a eu aucune réaction du gouvernement marocain». Le silence coupable de Rabat annonçait une escalade dans l'agression dirigée contre l'Algérie. C'est ainsi que quelques jours après le lâche assassinat de trois Algériens sur le territoire du Sahara occidental par un drone acquis en Israël, le Makhzen pousse le bouchon jusqu'à établir un véritable pacte entre deux Etats coloniaux sur le dos des Palestiniens et des Sahraouis. Israël comme le Maroc, qui occupent des territoires qui ne leur appartiennent pas, ont un ennemi commun, l'Algérie, dont le combat pour l'autodétermination des peuples est reconnu par toute la communauté internationale. De fait, l'alliance isarélo-marocaine est celle du mal contre la liberté. L'Algérie, citée en exemple par les peuples de Palestine et du Sahara occidental, est une digue anti-coloniale que Rabat et Tel-Aviv veulent abattre. C'est cela le sens des propos du président du Conseil de la nation qui en appelle à la résistance des Algériens, mais aussi et surtout des Palestiniens et des Sahraouis. Le front interne est aujourd'hui plus que nécessaire en Algérie, mais la lutte pour l'indépendance des sociétés opprimées s'impose comme la voie unique de salut.Il faut dire que le message de l'Algérie, à travers les déclarations de Goudjil, fait écho au sein des deux pays occupés par le Makhzen et le sionisme. Ainsi, des partis et des instances palestiniens ont condamné les trahisons du Maroc contre la cause palestinienne. Les mouvements «Hamas» et «Djihad islamique» voient d'un très mauvais oeil «l'accueil du ministre de la Défense sioniste, assassin d'enfants et criminel de guerre», disent les mouvements de la résistance palestinienne. Ces derniers ont appelé le peuple marocain et ses forces vives à descendre dans les rues pour dénoncer ladite visite.
Au Maroc même, les trahisons du roi Mohammed VI provoquent d'importants remous au sein de la société. Les propos d'un ancien militaire marocain, Abderrahim El Mernissi, témoignent de l'ampleur du danger que fait courir le Makhzen au pays. Dans une déclaration, El Mernissi a affirmé que «le régime marocain s'allie avec l'entité sioniste contre son peuple et contre les Etats de la région». Le propos est direct et l'argumentation tient la route, en ce sens, dira l'ancien militaire que le royaume ne tient pas sa légitimité populaire. Le pouvoir de Rabat repose, en effet, sur «une légitimité de collaborationnisme avec les Etats étrangers, auxquels il a accordé de multiples concessions pour soutenir ses visées expansionnistes au Sahara occidental, quitte à trahir la cause palestinienne». L'ancien militaire évoque un complot maroco-sioniste contre l'Algérie. «N'étant pas parvenu à frapper la stabilité intérieure de l'Algérie, l'entité sioniste a utilisé le Maroc pour nuire à l'Algérie, dont les positions constantes en faveur des droits des peuples opprimés dérangent.» On aura compris que le Makhzen est un élément de décor dans le projet israélien. L'Etat sioniste n'est pas dans une logique de soutien au Maroc, puisque, insiste Mernissi, «la normalisation avec l'entité sioniste constitue un danger pour le peuple marocain». Il devient évident que le plan sert prioritairement les intérêts des seuls sionistes. L'effondrement du Maroc et de l'Algérie est l'objectif final. Les manifestations massives qui sont «organisées contre le régime marocain à travers toutes les villes, rejetant les décisions du gouvernement», fragilisent la cohésion sociale et politique du royaume. Et c'est le dernier souci d'Israël.


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