«C'est jouer trop gros jeu que de risquer tout en un jour»

Il est tout à fait légitime que d'être exigeant envers son pays quand on sait qu'il a les moyens et les potentialités pour se hisser parmi ceux qui comptent et ceux qui influencent la marche de l'Histoire ; seulement, il faut rester humble et travailler, durement, pour atteindre cet objectif. Peut-on comparer l'Algérie qui, pendant des millénaires est restée à l'écart de son destin, avec des pays conquérants et expansifs, à l'extérieur et révolutionnaires chez eux ' Objectivement non ! En ces temps annonciateurs de déluge, la priorité est à la survie. Construire d'abord l'arche et la renforcer. Pour pérenniser l'Etat- nation construit, pouce par pouce, et abreuvé de sang et de larmes et de sacrifices de tout un peuple, il est du devoir de tous, de protéger l'entité algérienne des dangers qui la guettent de partout. La paix et la stabilité des peuples n'ont pas de prix. Les hommes passent, la terre reste et sa géographie peut, à tout moment, changer. Demain sera un autre jour, un autre temps, avec d'autres générations et leurs hommes et femmes avec leurs propres rêves, leurs propres ambitions et leurs propres combats, à chacun d'ajouter sa pierre à l'édifice. On ne reconstruit pas sur le néant annihilant, mais sur un socle commun profondément enraciné dans l'Histoire réelle et non tronquée. Aujourd'hui, on assiste au bouleversement du Monde, les maîtres de la planète redistribuent les cartes et retracent les frontières, ignorant les souverainetés qui ne se sont jamais, réellement, concrétisées chez les damnés d'hier et chez ceux qui n'ont pas cessé de traîner, encore, le boulet de la négritude et de la servitude. Au Moyen-Orient, les Américains et leurs alliés défendent leurs intérêts et particulièrement ceux de leur protégé, Israël, par le biais de leurs amis obligés au sein de l'Otan, les Ottomans et leur triple jeu, qui ne se sont jamais résignés au refus de leur adhésion à l'Union européenne. Rome et Byzance sont encore rivales ' Choc des cultures ' Séquelles des croisades ' Ou tout à la fois ' Quant aux Russes, ils ne font simplement que se battre pour garder leurs positions stratégiques dans la région ; ils se fichent du bonheur des peuples arabes ou celui des autres. En revanche, les Arabes se font la guerre entre eux et s'entre-tuent, en finançant leur propre anéantissement. L'occupation israélienne des territoires palestiniens, reconnus par l'ONU, n'est plus leur priorité, c'est l'Iran chiite qui leur fait peur de débarquer les monarchies sunnites du Golfe. Poser l'aspect démocratique dans les débats sur l'avenir du pays est aussi légitime mais il ne devrait pas être un mobile pour la destruction massive du peuple et de son Etat-nation. Les sanguinolents printemps arabes n'ont amené que le chaos et le désastre pour des populations qui vivaient, paisiblement, chez elles, dans leurs pays. La Syrie était un Etat laïc, multiethnique, multiconfessionnel et multiculturel où la Syrienne était libre et n'avait rien à envier à la femme européenne. Aujourd'hui, ce pays est rayé de la civilisation puis mis dans la parenthèse de la longue nuit infernale qui pleut de feu et tonne de cris assourdissants et de pleurs étouffés. Dans cette région du monde, le jour semble tarder à venir et sa lumière promise pour des printemps récurrents est remise aux calendes grecques.