Quel régal ! En
cette soirée du lundi 5 mars 2012 dans l'émission « Question d'actu » que la
chaîne de télévision Canal-Algérie avait osé passer
en direct avec des acteurs qui apparaissaient au début choisis et triés sur le
volet.
Passé les
présentations, ces jeunes sont directement passés à l'attaque contre tous les
responsables à quel niveau que ce soit sans épargner personne. Ils n'étaient
pas là pour encenser les autorités mais ils leur ont passé un véritable savon.
A part quelques
uns qui ont été retenus par les réflexes inculqués depuis longtemps, les autres
conviés se sont relâchés pour dire beaucoup de vérités. Pour la première fois,
on a entendu des jeunes exprimer énergiquement leurs avis en argumentant très
simplement le pourquoi du blocage. C'est la raison pour laquelle les algériens
et en particulier ses jeunes se sont complètement détournés de la télévision
publique que tout le monde lui a donnée le nom de l'orpheline. Orpheline de ses
enfants et des réalités du pays.
De plus et c'est
une nouveauté, ils ont proclamé clairement qu'ils n'iraient pas voter le jour
du scrutin car rien ne va changer dans leur quotidien. Ils sont rassasiés, ils
ne veulent plus voir les têtes éternelles que l'on voit souvent à la
télévision. Ils veulent faire leur révolution en douceur. C'est du jamais vu
dans la télévision publique, pourvu que ça continue.
C'est une
inquiétude que de voir ces jeunes en pleine déprime alors qu'ils représentent
l'avenir du pays. Ils se sont éclatés et encore ce n'est qu'un début si on
ouvre grandement larges les portes. Pratiquement, c'est la première fois qu'on
ait invité ce type de jeunes. Ces jeunes, dans leurs interventions, ne
demandent pas la lune mais juste le partage équitable des ressources du pays.
Ils veulent des emplois, des logements, des loisirs et de la justice pour tous
pour faire leur vie. Ils ne veulent plus être considérés comme un troupeau que
l'on guide à souhait. Ils revendiquent leur part de gouvernance car la majorité
a dépassé l'âge de nos gouvernants lorsqu'ils avaient fait la révolution et
occupant depuis toujours des postes qu'il y a 50 ans. Ils veulent qu'on leur
fasse confiance pour guider ce pays dans un futur qui s'échappe de l'horizon.
Ces jeunes
s'exercent depuis longtemps sur Facebook et Youtube en discutant ouvertement entre eux de tous les
problèmes qu'ils éprouvent. Ils parlent absolument de tout sans aucune barrière
ni psychologique ni étatique. Ils échangent leurs points de vue avec tous les
jeunes de la planète. Ils sont conscients et ils savent faire la différence
entre le bien et le mal.
A défaut
d'espaces publics, ils ont créé leur propre univers à eux, l'Algérie à eux dont
ils rêvent tous les jours. Ils ont toujours la Harga en ligne de mire
lorsque toutes les issues sont complètement fermées devant eux mais beaucoup
préfèrent se battre contre l'injustice qu'il leur est destinée.
Ils représentent 75% de la population mais l'espace médiatique publique qu'ils
occupent est très réduit vis-à-vis de leur masse.
Il n'y a qu'à
regarder les salles où se tiennent les meetings des virtuels grands partis, on
ne voit que très rarement des jeunes dans ces endroits. L'avenir de ces partis
est voué à l'échec mais ils font semblant de ne rien comprendre ni de rien
voir. Ils n'ont que les postes de députés à conquérir par le système des
quotas. Ah ! Si les antécédentes élections avaient eu lieu dans la
transparence, jamais on ne verrait ces formations nous envenimer la vie pendant
longtemps.
Ce qu'on voit sur
Internet avec ces échanges extraordinaires vous donne un extraordinaire aperçu
des profondes aspirations de ce formidable réservoir de cette jeunesse que
beaucoup de pays européens nous envient. Ils nous ont fait vraiment plaisir à
les écouter. Ils n'avaient rien à perdre, tout à espérer. Ils ont appelé
clairement qu'il y a urgence à renouveler les têtes que l'on ne voit passer à
longueurs d'années qu'à la télévision publique. Ce sont de signaux rouges très
forts qu'ils ont délivrés. On voit bien qu'ils bougent pour ne pas sombrer leur
avenir.
On a lu sur la
presse numérique que des jeunes militants ont refusé que d'anciens apparatchiks
d'un parti se portent encore une fois candidats en exigeant que soient mis des
jeunes sur les listes à concocter. Pourquoi n'avoir pas confiance en ces jeunes
qui sous peu seront aux portes des responsabilités à moins qu'on ait préparé
d'autres qui étudient sous d'autres cieux et viendraient le jour J occuper les
places laissées vacantes par leurs devanciers.
Pour la première
fois depuis longtemps, les téléspectateurs ont éprouvé une certaine fierté. Les
images fortes de cette émission n'arrêtent pas de tourner en boucle sur la
toile dont Facebook en est un terrible relais. Selon
le site socialbakers.com, Les algériens sont actuellement autour de 3 millions
300 utilisateurs de Facebook. Ils étaient à peine un
peu plus d'un million au début des révolutions arabes. L'Algérie se classe en
ce moment à la 44ème place en dépassant la Tunisie (47ème) qui nous précédait au
commencement de leur révolution. Et pourtant la technologie 3G n'est pas encore
introduite dans le pays. Il serait intéressant de savoir combien de
téléspectateurs a perdu (ou gagné) la télévision publique pendant la même
période.
Les autorités ont
semble-t-il minimiser l'influence de Facebook qui
s'avère un redoutable média. Car avec ce réseau social, on peut intervenir sur
n'importe quel sujet qui vous passe par la tête. De plus, il existe une
différence de taille par rapport aux précédentes élections où les outils
d'Internet n'étaient pas introduits fortement avec les téléphones portables qui
sont maintenant tous équipés de caméras. Attention, Youtube
risque d'être prochainement submergé.
Le seul salut
viendrait de l'ouverture des médias publics à toutes les sensibilités réelles
et à toutes les opinions. Voilà la télévision que les algériens aiment, celle
qui exprime sans tabous ce que le peuple sent dans son quotidien et ce qu'il
attend de cette Algérie dont il a ras-le-bol de ses gouvernants.
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Posté Le : 08/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Beghdad
Source : www.lequotidien-oran.com