C'est ça « la boulitik »

Le décor politique actuel en Algérie renvoie à une des significations les plus répandues dans notre société du mot «politique», celle relative à un bavardage. «Bekri, El Boulitik ta3ni el hedra bezzaf. Liyamat Hadhou, rana fiha ! » ( Jadis, la politique signifiait beaucoup de bla bla ces jours-ci on est en plein dedans !», lance Aâmi Mohamed, septuagénaire, sur un ton de moquerie. « Bekri, El Boulitik Fi el hammam ou Lek'hawi, dork rahou partout ! » ( Auparavant, c'est dans les bains maures que les gens parlaient trop, mais ces jours-ci, c'est partout ), intervient son ami, Abdelkader. Les remarques de ces deux hommes âgés sont, en réalité, perspicaces, au vu de l'attitude des médias à «bourrer» les citoyens d'espaces réservés aux prétendants au palais d'El Mouradia. D'ailleurs, ces derniers excellent, tous, dans l'art de «trop parler, ce qui renseigne sur le fait qu'ils maîtrisent parfaitement El Boulitik», poursuivent nos interlocuteurs.Chacun des prétendants estime avoir de grandes chances pour remporter les prochaines élections. « Non, je ne suis pas un lièvre !», est la réponse unanime de ces derniers aux présentateurs des émissions consacrées au rendez-vous du 17 avril prochain, et qui insistent à les interroger sur leur capacité de susciter l'adhésion du nombre nécessaire d'électeurs pour devenir présidents.Ils sont confiants et estiment que leurs programmes sont à même de les pousser vers le sommet de l'Etat. Une chose est certaine : si une grande partie de ces derniers parvient à valider sa candidature, l'on assistera, sans nul doute, à une campagne électorale «des plus Boulitik»...