Le président américain G.W.Bush a entamé hier, vendredi, une tournée dans cinq pays africains (Bénin, Tanzanie, Rwanda, Ghana et Liberia) pour rebondir dans un continent où les Etats-Unis comptent se redéployer plus en profondeur, particulièrement sur le volet de la lutte contre le terrorisme. Le timing de cette tournée coïncide autant avec la crise kenyane qu'avec la menace qui pèse sur le régime du président tchadien Idriss Deby, que les Occidentaux soupçonnent d'être la cible du leader libyen El-Gueddafi. Le président américain, qui sera accompagné de sa secrétaire d'Etat, Condolezza Rice, abordera avec ses interlocuteurs africains des questions se rapportant au commerce de matières premières, à commencer par le pétrole et les produits miniers, mais également de questions de sécurité et de défense avec un engagement militaire prévu plus prononcé des Américains dans certaines parties du Continent. Particulièrement dans la zone sahélienne, devenue le refuge de groupes autant terroristes que d'opposants maliens, tchadiens, nigériens et mauritaniens. Selon son conseiller à la sécurité nationale, Stephen Hadley, c'est une vision continentale que George Bush veut promouvoir à travers cette tournée, pour «démontrer l'engagement des Etats-Unis vis-à-vis des pays qu'il compte visiter et de l'Afrique dans son ensemble». En filigrane de cette visite, les Américains s'empressent aujourd'hui de reconsidérer leurs positions en Afrique, notamment dans les pays anglophones, et spécialement ceux producteurs de pétrole, comme le Nigeria, et le Liberia avec ses gisements miniers où les Chinois se sont imposés et devenus des interlocuteurs incontournables. Pékin fait de l'ombre aux Etats-Unis en Afrique, et ce n'est plus un secret pour personne que les compagnies pétrolières chinoises pompent une bonne partie du pétrole africain, notamment au Soudan. Est-il dès lors étonnant qu'Américains et Européens, Français en première ligne, s'apitoient soudain sur les populations déplacées au Darfour ? Bien sûr, Washington a mis en oeuvre, depuis plusieurs années, des programmes de développement économique et social pour l'Afrique à travers plusieurs programmes chapeautés par le gouvernement, à l'instar de l'USAid, et avec des financements ciblés. Pour séduire le continent, Washington met également en avant sa loi sur la croissance en Afrique (AGOA - Africa Growth and Opportunity Act) qui permet, depuis l'an 2000, à une quarantaine de pays d'accéder au marché américain sans droits de douane jusqu'en 2015. Il y a également le Millenium Challenge Account (MCA) qui distribue l'argent des contribuables américains aux pays africains qui auront surtout fait l'effort de se démocratiser et donner de la visibilité à leurs programmes de développement économique. Les questions de défense ne seront pas, pour autant, oubliées dans l'agenda de Bush, car jusqu'à présent, aucun pays africain, à l'exception du Maroc, n'est prêt à abriter le siège de l'AFRICOM, une sorte de commandement militaire américain en Afrique, car l'AFRICOM est actuellement installé en Allemagne. Face aux réticences de beaucoup de pays approchés par les Américains pour abriter ce commandement dont le rôle sera axé sur la lutte antiterroriste, les officiels américains ont tenu à rassurer tout le monde, assurant qu'ils ne voulaient pas installer des bases en Afrique. L'intérêt des Etats-Unis pour l'Afrique se comprend aussi mieux, quand on sait qu'en 2015, 25 pour cent de son pétrole proviendra du continent, essentiellement du golfe de Guinée. Et le pétrole peut expliquer cette insistance des Américains à imposer le concept d'un commandement militaire américain en Afrique. Et, derrière la lutte contre le VIH/Sida dans certains pays au programme de cette tournée africaine du président américain, particulièrement en Tanzanie et au Liberia, il y a également cette guerre «de l'ombre» que se livrent sur le front économique les Américains, les Chinois et la France pour le partage des formidables richesses du sous-sol africain, particulièrement les hydrocarbures et les minerais, l'Uranium et le Titane en tête. Quant aux vrais problèmes de l'Afrique, comme le sous-développement, les maladies ou la famine, ils peuvent attendre le prochain locataire de la Maison Blanche.
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Posté Le : 16/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Babès
Source : www.lequotidien-oran.com