Légalement, rien
n'interdit en Algérie l'activité des bureaux de change. Concrètement, seules
les banques et quelques hôtels l'exercent. Des députés algériens ont posé la
question hier au gouverneur de la
Banque d'Algérie. ls
considèrent que c'est la voie à suivre pour contrer le marché informel. Mais le
principal obstacle au développement de l'activité est connu : une rentabilité
réduite du fait de la marge permise par la Banque d'Algérie. Faire le pied de grue au Square
Port Saïd rapporte mieux.
Le débat dimanche 16
octobre au soir à l'Assemblée Populaire Nationale (APN, chambre basse du
Parlement) autour de l'exposé du gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Laksaci a donné lieu à une demande jamais faite par le
passé par les députés d'une manière aussi insistance. Celle relative à
l'ouverture de bureaux de change en Algérie. Ils ont motivé cela par la
nécessité de lutter contre le marché informel de la devise. En 2007, un député
a osé poser la question à Mourad Medelci, alors
ministre des Finances, sur l'inexistence des bureaux de change en Algérie. Medelci s'est contenté de rappeler l'existence de
l'instruction 08/96 du 18 décembre 1996 fixant les conditions de création et
d'agrément des bureaux de change émises par la Banque d'Algérie. Il n'a
pas expliqué pourquoi cette instruction n'est pas mise en application. D'après
ce texte, la Banque
d'Algérie donne son autorisation à l'ouverture d'un bureau de change après
étude d'un dossier. L'instruction de 1996 précise que les bureaux de change
peuvent effectuer des opérations d'achat et de vente, contre monnaie nationale,
des billets de banque et des chèques de voyage libellés en monnaies étrangères
librement convertibles auprès des non-résidents. Ces bureaux sont tenus
d'afficher régulièrement les derniers cours d'achat et de vente de toutes les
devises soumises à leur traitement et autorisés à percevoir, sur le montant de
toute transaction d'achat ou de vente de devises, une commission en dinars. Le
taux de cette commission fait l'objet d'un affichage. Les banques et les
établissements financiers sont autorisés, en qualité d'intermédiaire agréé, à
créer des bureaux de change. Le texte de 1996 a été complété par un autre, l'instruction
03/97 relative à l'immatriculation et qui autorise le traitement des opérations
de commerce extérieur et de change manuel de devises.
QUESTION DE
FOURCHETTE
En 2011, Karim Djoudi, ministre des Finances, a, lors d'un entretien à
l'agence officielle algérienne APS, estimé que ce créneau n'intéresse pas les
investisseurs en raison de la question de la rémunération sur la fourchette
entre le coût acheteur et le coût vendeur. « La Banque d'Algérie est en
train de travailler à rendre plus attrayants les bureaux de change. Il y a un
travail d'évaluation entre la banque centrale et le marché pour voir quels sont
les éléments qu'ils vont assimiler ", avait-t-il précisé. Selon lui, des
banques et des hôtels possèdent déjà des bureaux de change. Les opérations au
niveau de ces hôtels et banques sont compliquées et lourdes. Elles sont
conditionnées par la production de documents administratifs. En octobre 2009, Mohamed
Laksaci avait déclaré à l'APN
que les autorités monétaires étaient prêtes à accorder « le feu vert à
l'ouverture des bureaux de change en Algérie pour d'absorber la devise qui circule
hors des circuits légaux ». Il avait précisé qu'aucune demande n'a été faite en
ce sens. D'après les experts en finance, l'écart de 1% maximum autorisé par
rapport au cours pratiqués par la
Banque constitue un frein à la création des bureaux de change
par les privés. Qualifié de très faible, ce taux limite la viabilité économique
de l'activité de bureaux de change pour les privés. Situation qui profite
amplement au marché parallèle. Au Square Port Saïd à Alger, on peut échanger
les dinars contre l'euro, le dollar ou le yen japonais sans présenter de pièce
administrative… Et très loin du petit écart de 1% consenti légalement.
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Posté Le : 18/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Hamzi
Source : www.lequotidien-oran.com