Bureaucratie bancaire : La BADR refuse d?encaisser 800 millions
Question à 1 DA : à quoi sert une banque ? Le dictionnaire Le Grand Robert nous apprend que « c?est un établissement qui fait dans le commerce de l?argent et des titres fiduciaires de toutes natures, effets de commerce et de valeurs de bourse. Il prend des commissions et des bénéfices sur les opérations de banque ». Mais pas seulement. La banque participe aussi aux projets de développement en concédant des finances aux investissements. Cela, bien sûr, exige des disponibilités financières importantes. Or, il est une banque à Constantine qui refuse d?encaisser de l?argent. Mercredi dernier, des cadres d?une firme multinationale, Procter and Gamble, opérant à travers tout le nord du pays en commercialisant des produits Nestlé, Star Goods et Star Brand, se sont présentés au bureau du caissier principal de la banque BADR, sise à la zone Palma avec la coquette somme de 800 millions de centimes à l?effet d?y effectuer un versement, mais le caissier principal a opposé un refus formel au motif que les billets de banque contenus dans les cartons n?ont pas été préalablement triés. Les employés de P&G ont eu beau argumenter qu?étant donné leur activité, très chargée et semi-sédentaire, qui les contraint à se déplacer dans plusieurs endroits du pays pour la représentation des produits et le recouvrement des créances, et par conséquent, ils ne peuvent disposer de suffisamment de temps pour procéder au triage des billets. Aucun des arguments avancés n?a pu infléchir la position du préposé à la caisse, lequel s?arc-boutait à la teneur de la note de service, dûment paraphée par le directeur d?agence, et affichée en gros caractères sur la porte d?entrée de son bureau. Ayant acquis la certitude qu?ils faisaient dans le donquichottisme en continuant de s?adresser à lui, ils décideront alors de consulter le directeur. Ce dernier leur oppose le même refus, arguant le fait qu?il ne dispose pas de service de triage, lequel relève de la Banque centrale, qui aurait elle-même envoyé une directive à la BADR lui interdisant de réceptionner les billets non triés, quel qu?en soit le montant. En désespoir de cause, les employés de P&G reprennent leur bien et retournent au siège de leur entreprise, râlant contre leurs responsables qui ont fait le choix de déposer leurs avoirs à la BADR. « D?autant plus que c?est la seule institution financière qui applique cette règle saugrenue. S?il ne tenait qu?a moi, confiera l?un d?eux, je me serais dirigé vers une autre banque qui fait l?impasse sur ce genre de bureaucratie ankylosante ». Etant donné que la décision ne leur appartenait pas, nos braves employés ont passé deux journées à trier et à scotcher les billets, les classant par montant, mais non sans en avoir au préalable référé aux responsables étrangers de leur entreprise, qui doivent à présent se faire une idée du pays où ils ont investi leur argent.
Posté Le : 17/09/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Boudraâ
Source : www.elwatan.com