Algérie

Bulletin de santé


Après une éclipse de plusieurs jours qui a alimenté les rumeurs les plus folles, le président Bouteflika a fait une apparition publique mercredi en recevant, en présence de ses deux frères, la star mondiale du football, Zineddine Zidane, accompagné de membres de sa famille. L'événement, présenté par le président de la République devant la presse conviée à la cérémonie comme une rencontre privée, « strictement familiale », a été largement médiatisé par la Télévision algérienne, sur laquelle la caméra s'est longuement attardée sur des plans choisis comme pour faire passer des messages précis auprès de l'opinion publique. L'ambiance qui se voulait conviviale était paradoxalement pesante. Et c'est le président Bouteflika qui répondra à la question qui brûlait les lèvres des journalistes présents, mais que personne n'osait poser en anticipant sur les lectures et spéculations que l'on pourrait faire sur cette initiative.« On va certainement spéculer sur cette rencontre qui est ''strictement familiale'' », a insisté à plusieurs reprises Bouteflika, mettant dans une gêne mal dissimulée son hôte qui se retrouvait, du coup, consciemment ou non, au milieu d'une opération médiatique dont il n'était plus l'acteur principal, le sujet, mais le complément d'objet indirect. Le président de la République est un citoyen comme tous les Algériens. Il a par conséquent droit à une vie privée qui lui appartient et qu'il a le loisir d'organiser comme il le souhaite. A côté de cela, il a une responsabilité publique liée à son mandat présidentiel qui lui impose des règles et des limites dans l'exercice de ses fonctions de manière à éviter que la vie privée n'interfère dans les affaires relevant de la sphère publique de l'Etat.C'est ce mélange des genres qui donne une mauvaise image de l'éthique politique du pays qu'ont retenu de nombreux citoyens qui ont suivi les images de la rencontre diffusées par la télévision. D'aucuns n'ont pas hésité à voir dans ce procédé une privatisation en bonne et due forme de l'Etat. L'événement n'aurait sans nul doute suscité aucun commentaire si l'hôte de marque du Président avait été reçu dans l'intimité familiale, loin de l''il des caméras de la télévision publique. Pourquoi le chef de l'Etat avait-il tenu à ce que cette rencontre, qui revêtait un caractère privé, familial, comme annoncé par Bouteflika, soit médiatisée, lui qui a toujours rigoureusement protégé sa vie privée en évitant de mettre en avant les membres de sa famille, y compris un de ses frères qui occupe pourtant une fonction officielle et un poste important à la présidence de la République 'La réponse est certainement dans les commentaires de presse sur le « silence » du Président qui se sont multipliés depuis plusieurs jours. Un silence qui n'a pas été rompu, même à la faveur de visites d'émissaires de haut rang dans notre pays, lesquels n'ont pas eu le privilège d'être reçus à la présidence de la République. Au cours de ces dernières 48 heures, des rumeurs alarmistes qui se sont révélées de la pure intox, mêlée à une volonté manifeste de verser dans l'amalgame, ont rapidement fait le tour de l'Algérie.C'est visiblement à ces rumeurs autour de la santé du frère du Président et de l'amalgame qui a été fait sur la santé du chef de l'Etat que Bouteflika a tenu à répondre en ouvrant, pour la première fois, son intimité familiale à l'opinion algérienne et en exhibant à travers la famille réunie et via la télévision le bulletin de santé familial.