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BTPH algérien Un secteur émergent qui peut mieux faire


BTPH algérien                                    Un secteur émergent qui peut mieux faire
Avec 9% au moins de croissance annuelle, le secteur du BTPH portera le premier, à coup sûr, la démarche de diversification de l'économie algérienne. Cela est repérable dès à présent dans le pourcentage de sa contribution au PIB.
Ce constat demeure valable quand bien même l'agriculture a déjà entamé son redressement et sa croissance en attendant qu'elle soit suivie du secteur industriel dont on a enfin décidé de stopper la dérive. Nous allons voir pourquoi cette avance du BTPH est structurelle et comment alors en consolider durablement la croissance. Le BTPH fait cette course en tête pour deux raisons essentielles qui renvoient aux forces du marché. C'est la demande nationale rendue solvable par la dépense publique et par des mécanismes de prêts aux logements d'une part et par une épargne des ménages significative d'autre part, qui tirent ce secteur vers le haut. Quelques chiffres. Plus des deux tiers des 286 milliards du programme quinquennal d'investissement 2010-2014 sont consacrés aux logements, y compris 13 villes nouvelles, aux infrastructures et aux équipements publics.
L'épargne bancarisée des ménages algériens dépassent le montant les dépôts bancaires de la Sonatrach. Du côté de l'offre, cela est ancré à l'existence historique de capacités nationales privées de réalisation, de faible taille certes, mais qui ont résisté aux crises et dont une partie est en voie de professionnalisation. Autres chiffres pour illustrer cela. Le secteur dispose de 30 000 entreprises et 800 000 emplois selon la Confédération nationale du patronat du BTPH qui regroupe cinq organisations patronales.
Plus des deux tiers du produit net bancaire du Crédit populaire algérien(CPA) est réalisé par les entreprises du BTPH. Mais ceci dit, ce secteur peut mieux faire si trois types de contraintes sont levés. Deux renvoient à l'environnement et la dernière au secteur du BTPH. En premier, il faudra définitivement régler la crise des matériaux de construction, le ciment mais aussi le fer et le bois.
Les performances et même la pérennité des entreprises de cette branche en dépendent directement. Pour un pays qui dispose partout d'énergie à bon marché et du calcaire, on ne peut pas comprendre que les anticipations n'aient pas été faites depuis 13 ans pour couvrir la forte demande locale en ciment. Le groupe public de ciment Gica a pris des engagements à ce sujet. Espérons qu'il soit au rendez- vous.
Ensuite, il convient d'améliorer significativement le cadre organisationnel et institutionnel de grands donneurs d'ordre publics (habitat et urbanisme, ressources en eau, Sonatrach etc.). Il faudra dans ce sens mettre en 'uvre le critère de la préférence nationale, assouplir les dispositions du Code des marchés publics, simplifier les cahiers des charges mais aussi plus simplement payer les entreprises dans les délais contractuels. Enfin la dernière série de contraintes ne peut être levée que par les entreprises du secteur mais avec l'accompagnement des pouvoirs publics. Je pense à la mise à niveau de leurs capacités techniques (normalisation des corps de métiers) et managériales (suivi des coûts et des plannings) sous diverses formes y compris en se regroupant. Je pense aussi au développement des ressources humaines du secteur qui peut être initié et coordonné par le syndicat de branche et le secteur de la formation professionnelle ou bien à l'obligation de formation à la faveur des grands projets confiés aux groupes étrangers en plus de l'obligation de sous-traiter localement. Enfin, l'émergence d'une cinquantaine de grands groupes nationaux et régionaux champions est incontournable. On ne peut plus se contenter de deux ou trois grands groupes publics et de deux ou trois privés compte tenu du nombre élevé de grands projets programmés par tous les secteurs dans tous le territoire (industrie, énergie, infrastructures, barrages et transferts hydrauliques, villes nouvelles etc.), sauf à vouloir continuer de créer de la valeur et de l'emploi à l'étranger. À l'instar de ce qui est souhaité pour l'industrie, le BTPH a besoin également d'une politique de substitution à l'importation.
Pour conclure, on voit bien que les échanges interindustriels sont de nature à créer de fortes synergies au profit de cette économie hors hydrocarbures dont tout le monde parle mais que personne ne voit pour le moment. Sur les trois premiers trimestres de 2012, les importations de matériaux de construction (ciment, fer, bois) ont augmenté de 42,6%, passant de 3,685 millions de tonnes sur les trois premiers semestres de 2011 à 5,257 millions de tonnes pour la même période en 2012. Imaginez l'effet sur l'indice de croissance industrielle si ces marchandises avaient été produites localement. Il est permis de rêver.
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