Un attentat contre une mosquée à Bruxelles a coûté la vie à l'imam. Responsables
politiques et religieux s'interrogent sur les raisons profondes de cet acte
criminel. L'auteur de l'attentat, lui, a hurlé le nom de la Syrie.
Lundi soir, vers 19h 30, la mosquée chiite «Rida», située dans la commune
bruxelloise d'Anderlecht, a subi l'attaque de trois individus, dont l'un
d'entre eux a mis le feu à la salle des prières, en hurlant des insultes contre
la dizaine de fidèles qui s'y trouvaient. Résultat : l'imam de la mosquée est
décédé asphyxié, alors qu'il tentait d'éteindre le feu, et le bâtiment qui sert
par ailleurs de centre culturel, partiellement détruit. L'auteur de cette
attaque, un Maghrébin dont l'identité n'a pas encore était dévoilée, a été
arrêté par les fidèles et des passants présents, avant d'être remis à la police.
Ce drame a, immédiatement remis à l'ordre du jour dans les débats et articles
de presse, les rivalités et oppositions vécues au Moyen-Orient, entre les
musulmans sunnites et chiites, en particulier, la violence qui en découle dans
le conflit syrien.
Et pour cause, des témoins de
«l'attaque» ont rapporté que l'assaillant (ils étaient trois au départ, dont
deux ont pu fuir), a crié dans une sorte de délire, des slogans propres aux
musulmans salafistes sunnites, accusant les chiites
de trahison et de conjuration contre le peuple syrien.
Les réactions des responsables
religieux de toutes tendances ainsi que celle des responsables politiques, ont
condamné fermement cet acte criminel et ont appelé au calme, qualifiant
l'auteur de l'acte de «probable déséquilibré ou d'illuminé». Pourtant, la tension entre chiites et sunnites en Belgique n'est pas
une simple vue de l'esprit. La vice-présidente de l'instance en charge du culte
musulman (EMB), Mme Isabelle Paraile, musulmane
chiite, a déclaré que sa communauté reçoit des menaces depuis 2007, menaces qui
se sont multipliées depuis que la guerre civile ravage la Syrie. Aussi, la
ministre de l'Intérieur belge, Mme Joëlle Milquet qui
s'est rendu sur les lieux de «l'attentat», s'est engagée à alerter ses services
et à renforcer les moyens de sécurisation des lieux de culte. Il faut relever
que c'est la première fois qu'un lieu de culte soit la cible d'une attaque
criminelle en Belgique.
L'Etat belge ayant une conception
particulière de la laïcité, il se définit comme multiculturel et «neutre» par
rapport à toutes les religions et philosophie de vie, tout en finançant les
différents cultes, y compris le personnel religieux (prêtres, imams, rabbins, etc.)
L'islam, deuxième religion en Belgique concerne quelque 630.000 personnes, au
dernier recensement de 2011, soit 5,88% de la population belge. La majorité des
musulmans est d'origine marocaine (2/3) et turque (1/3). Près de 45 mosquées
sont reconnues, en plus de quelques dizaines, dites de «quartier» ou
clandestines. Cette conception du «vivre ensemble» a permis au pays de ne pas
trop subir les conséquences des «guerres et conflits» vécues Moyen-Orient et
dans les pays arabes en général, ces dernières décennies.
A titre d'exemple, la
Belgique n'a pas vécu d'attentat terroriste sur son sol
depuis la 1ère guerre d'Irak ou celle d'Afghanistan, au lendemain de leur
envahissement par la coalition des armées occidentales. C'est pourquoi, les
responsables politiques belges s'interrogent et s'inquiètent de cette soudaine
manifestation de violence inter-religieuse. Les
éternelles disputes entre les communautés musulmanes marocaine et turque, pour
le contrôle de l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB), génératrices de
crises continuelles (démissions, réélections, procès en correctionnelle, etc.) commencent
à inquiéter le monde politique. D'autant plus que cet affrontement entre les
différentes «écoles» et rites islamiques est exploité, en ces temps de crise
économique, par les partis d'extrême droite pour fustiger les musulmans (et les
étrangers) en les accusant de menace à la démocratie et aux libertés.
Certains d'entre eux exhibent des
statistiques et prédisent «l'islamisation» de la Belgique dans les
prochaines 20 années. C'est dire combien ce 1er «l'attentat» contre une mosquée
en Belgique peut réveiller les démons de la violence alimentée par le drame qui
frappe la Syrie,
la Palestine
et d'autres contrées fragiles politiquement.
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Posté Le : 14/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : M'hammedi Bouzina Med : De Notre Bureau De Bruxelles
Source : www.lequotidien-oran.com