La crise du nucléaire entre l'Iran, les Etats-Unis et l'UE s'est épaissie
davantage lundi, avec l'annonce de sanctions européennes. Après les Etats-Unis,
Bruxelles a décrété, lundi, un embargo pétrolier graduel contre l'Iran accusé
de poursuivre un programme nucléaire militaire, ce qu'a toujours démenti
Téhéran. L'annonce de l'embargo pétrolier contre l'Iran par une UE en pleine
crise économique accentue davantage le marasme politique entre l'Iran et ses
principaux clients en Europe. Dans la foulée d'une décision dénoncée par
Téhéran, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique David Cameron et le
président français Nicolas Sarkozy ont demandé «instamment aux dirigeants
iraniens de suspendre immédiatement leurs activités nucléaires sensibles». Les
sanctions s'étendent également au gel des avoirs en Europe de la Banque centrale iranienne. «La
porte est ouverte si l'Iran accepte de s'engager sérieusement dans des négociations
de fond sur son programme nucléaire», ont ajouté les trois dirigeants européens
dans un communiqué commun. L'UE a aussi interdit les ventes d'or, d'autres
métaux précieux et de diamants à l'Iran, et élargi l'interdiction
d'investissements dans l'industrie pétrochimique et celle d'exporter des
produits sensibles. «Ceux qui ne veulent pas le renforcement de sanctions à
l'endroit d'un régime qui conduit son pays au désastre avec l'acquisition de
l'arme nucléaire porteront la responsabilité du risque d'un déchaînement
militaire», a également menacé Nicolas Sarkozy en visant la Russie et la Chine qui ont refusé ces
sanctions au Conseil de sécurité de l'ONU. La Turquie a également refusé
cet embargo, tout comme d'ailleurs le japon et l'Inde, principaux clients de
l'Iran. L'Iran vend environ 20% de son pétrole aux pays de l'UE, notamment à
l'Italie, l'Espagne et la
Grèce. Ces «sanctions sans précédent» vont «paralyser peu à
peu l'activité économique de l'Iran et priver le pays d'une partie de ses
ressources», a jugé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé. Dans
le sillage de ces sanctions, les prix du brut ont grimpé lundi et mardi à plus
de 100 dollars le baril sur les marchés européens et américains. Pour autant, Téhéran
a vigoureusement dénoncé ces sanctions, les qualifiant d'injustes. «La menace, la
pression et les sanctions injustes (...) sont vouées à l'échec», et
«n'empêcheront pas l'Iran d'obtenir ses droits fondamentaux» en matière
nucléaire, a affirmé le porte-parole des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast, cité par la
télévision d'Etat. «La République islamique d'Iran a toujours insisté sur le
caractère pacifique de son programme nucléaire, a coopéré avec l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA)» et fait preuve de «transparence», a
affirmé le ministère dans un communiqué. Selon un parlementaire iranien, «avec
les sanctions, le prix du pétrole va augmenter et ce sera au désavantage de
l'Europe et des Etats-Unis», car, «à l'heure actuelle, l'Iran peut vendre son
pétrole à n'importe quel pays», a-t-il affirmé. «L'Iran exporte seulement 18%
de son pétrole vers l'Europe et le reste est exporté vers d'autres marchés (...)
En tenant compte de la situation du marché, il n'y a aucune inquiétude pour
trouver des clients nouveaux, et le ministère du Pétrole a pris les
dispositions nécessaires depuis longtemps pour faire face à n'importe quel
défi», a affirmé le ministère du Pétrole dans un communiqué. Pour autant, c'est
la menace brandie par l'Iran de fermeture du détroit d'Ormuz, par où transitent
plus de 40% du pétrole des pays OPEP, qui inquiète les milieux militaires, politiques
et économiques dans le monde. Une fermeture du détroit équivaut à un acte de
guerre pour les Etats-unis, qui ont fait passer dimanche le porte-avions américain,
l'USS Abraham-Lincoln, qui
se trouve dorénavant dans le Golfe, quelques jours après un pic de tension avec
l'Iran qui avait menacé de s'en prendre aux navires américains, a annoncé le
Pentagone. C'est la seconde fois que l'Iran, qui défend son programme nucléaire,
en dépit des accusations de l'AIEA selon laquelle Téhéran développe un
programme nucléaire militaire, est frappé de sanctions économiques mais, cette
fois-ci, elles portent seulement sur les livraisons de pétrole. Sous la
pression d'Israël, il n'est pas exclu que ces sanctions soient étendues à
d'autres secteurs.
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Posté Le : 25/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com