Algérie

Brusque retour vers le passé


Brusque retour vers le passé
L'image épouvantable de la décapitation de l'otage français, Hervé Gourdel, a choqué tout le monde en Algérie. On s'attendait hélas à cette issue fatale, mais certainement pas à la cruelle mise en scène. Même au plus fort des années de braise, les Algériens n'ont jamais suivi presque en direct l'assassinat barbare d'un ressortissant étranger. C'est incontestablement un terrible retour vers le passé pour la majorité de nos compatriotes qui ont vécu ou survécu à la décennie noire durant laquelle le sang et les larmes coulaient à flots. Ce sinistre groupe, qui a changé de chapelle, avait à c?ur de montrer qu'il a intériorisé le mode opératoire du monstre Daech qui brandissait les têtes des journalistes américain et britannique comme des trophées de guerre. C'était horrible, lâche, inhumain.Au-delà de la sympathie qu'on peut avoir à l'endroit de la famille de la victime en pareilles circonstances, se pose la question de savoir de quoi sera fait demain pour l'Algérie. L'image a de quoi susciter les pires appréhensions pour les Algériens, qui croyaient en avoir fini avec la bête immonde après une décennie de souffrances dans la solitude. Il y a de quoi, quand on observe la rapidité avec laquelle le monstre a gagné les monts du Djurdjura trois mois après son éclosion en Irak.Depuis hier, le monde entier sait que Daech a planté son étendard en Algérie, en Kabylie plus précisément. Et cela fait vraiment peur. Pour beaucoup d'Algériens, le meurtre sauvage d'Hervé Gourdel marque quasiment le retour à la case départ en matière de lutte contre le terrorisme. Le choc psychologique est immense. L'impact médiatique l'est tout autant.Stratégiquement, le «message de sang», envoyé malheureusement pour nous d'Algérie, est d'une terrible clarté. C'est celle-là, désormais, la méthode Daech pour frapper les esprits là où il réussit à prendre racine. On doit se résoudre à la triste réalité que des sanguinaires sont parmi nous. L'image de l'Algérie battante et combattante de l'hydre terroriste en a pris un sérieux coup.Hier à Tikjda, c'était symboliquement la cérémonie d'enterrement de la réconciliation nationale qui, dans son infinie magnanimité, a transformé Gouri Abdelmalek en Khaled Abu Selmane. C'était un requiem à un discours politique d'arrière-garde qui a remis à l'honneur nos tueurs d'hier au nom d'un appétit vorace du pouvoir et de petits calculs d'ego. Un retour de flamme qui n'a d'égal que cette guerre froide menée contre tous ceux qui réclamaient que justice soit faite, que les assassins répondent de leurs actes devant les tribunaux.Beaucoup parmi nous avaient été mal à l'aise d'entendre François Hollande annoncer hier, du haut de la tribune des Nations unies, que son compatriote a été décapité en Algérie. C'est une réalité, mais cela fait tellement mal pour le peuple algérien qui a du mal à atteindre sa résilience émotionnelle. Savoir que notre pays est revenu en haut de la triste affiche du terrorisme barbare n'est pas du tout rassurant.Il y a désormais un avant et un après la décapitation d'Hervé Gourdel. C'est bien d'aider les pays voisins à faire la paix chez eux, mais ce serait encore mieux de nettoyer nos maquis et d'étouffer ce discours haineux qui fuse dans nos villes et nos villages.


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