Algérie

Briser les tabous, d'abord'



De notre correspondant à OranSamir Ould Ali

C'est, en substance, le sentiment de l'Algérien moyen, qui ne peut admettre que des êtres doués d'intelligence puissent mettre leurs parents à la rue ou dans des hospices. Pour quelque raison que ce soit, «leur place est chez leurs enfants !», assène cette mère de famille de 60 ans, en frissonnant à l'idée d'être délaissée par ses trois enfants, le jour où elle ne pourra plus jouir de toute son autonomie. «Je préfère mourir plutôt que de finir dans un hospice pour vieillards», jure-t-elle encore en assurant que ceux (les vieillards) qu'elle a eu l'occasion de découvrir dans un hospice à Oran n'avaient pas l'air heureux. «Ils vivaient visiblement dans de bonnes conditions, bien pris en charge par les responsables du centre, mais on voyait bien qu'ils étaient malheureux, ainsi éloignés de ceux qu'ils aiment.» Intimement convaincu qu'un enfant n'a pas le droit d'abandonner ses parents, Messaoud a passé des années à se battre pour protéger sa mère, atteinte de la maladie d Alzheimer, contre tous les dangers qui guettent ce genre de patients. «Il fallait être constamment vigilant, ne jamais la laisser seule et avoir une grande patience. Avec ma femme, nous devions nous entendre pour la garder, l'emmener en balade ou lui donner à manger? Dieu sait que ce n'était pas facile !» Cela était tellement compliqué que tous les occupants de la maison vivaient sur les nerfs, un rien provoquait de terribles scènes. «C'était ma mère, et je suis heureux de m'être occupé d'elle», estime aujourd'hui notre témoin, quelques années après le décès de celle qui lui a tout appris. Cet amour «concret» pour les parents, beaucoup ne l'entendent pas de la même façon dans notre société, et il n'y a qu'à constater le nombre croissant des personnes âgées qui, pauvrement vêtues et parfois accompagnées de jeunes enfants, mendient aux abords des mosquées, des marchés, des boulangeries ; Ou ? plus rares parce que plus difficile dans une société qui n'assume pas encore ses tares ? ceux qui poursuivent leurs progénitures devant les tribunaux. Pour avoir été maltraités, insultés ou battus, certains parents prennent leur courage à deux mais et vont se plaindre à la justice. «Je ne sais plus quelle attitude adopter avec lui, j'ai beau parlé, menacé, mon fils ne m'écoute pas et, la dernière fois, il m'a frappée», a-t-on entendu dans des salles d'audience, au milieu des exclamations horrifiées de l'assistance. D'autres, par peur du scandale et parce qu'on «ne poursuit pas ses propres enfants en justice» préfèrent subir en silence l'injustice de celui qui les insulte et les spolie de leurs biens au su et au vu des proches qui préfèrent regarder ailleurs. Ceux-là, estime-t-on, sont beaucoup plus nombreux? Comment peut-on parler de protection des personnes âgées, lorsque les retraités doivent patienter de longues heures avant d'arriver au guichet de la poste ou que les malades ne peuvent avoir accès à leurs médicaments pour cause d'inexplicables pénuries ' Selon la loi relative à la protection des personnes âgées, des peines de trois à six ans assorties d'une amende allant de 20 000 à 500 000 DA, selon le cas, sont prévues contre quiconque abandonnerait une personne âgée ou l'exposerait à un danger. Les services compétents pourraient peut-être commencer par enquêter sur les proches des vieilles personnes qui font la manche dans les grands centres urbains '


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