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Brexit : Pression des élus conservateurs sur Theresa May


La Première ministre britannique Theresa May est soumise à une pression croissante émanant des rangs de son propre Parti conservateur pour qu'elle fasse sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne dans les prochaines semaines, même s'il faut en passer par un Brexit sans accord.
Le journal tabloïd The Sun fait état d'une lettre signée par 170 des 314 élus tories de la Chambre des communes adressée à la dirigeante britannique après le troisième rejet par les parlementaires de l'accord de retrait qu'elle a négocié avec les Européens. Ils l'exhortent à refuser un long report du divorce, a précisé à Reuters un élu conservateur, confirmant l'information révélée par le Sun. Dix des signataires de cette lettre siègent au sein du gouvernement May avec le rang de ministre. "Nous voulons quitter l'UE le 12 avril ou très peu de temps après", a résumé l'un d'eux, cité par le Sun. Le ministre de l'Intérieur Sajid Javid et le ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt seraient au nombre des signataires, ajoute le Sun qui emploie toutefois le conditionnel à ce sujet. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du 10, Downing Street, siège des services de la Première ministre. Leur initiative fait suite au nouvel échec essuyé par Theresa May, toujours incapable de faire ratifier par son Parlement l'accord de retrait qu'elle a négocié avec Bruxelles et que les dirigeants européens ont entériné fin novembre. Pour la troisième fois depuis janvier, et le jour même de la date initialement prévue pour le Brexit, les élus de la Chambre des communes l'ont rejeté vendredi par 344 voix contre 286, soit 58 voix d'écart.
Le 15 janvier, lors de la première tentative, ils l'avaient rejeté massivement par 230 voix d'écart (432 voix contre 202). Le 12 mars, l'écart s'était réduit à 149 voix (391 députés contre 242).

Deux semaines pour éviter un no deal
Conséquence de ce nouveau rejet, le Royaume-Uni devrait quitter l'UE sans accord le 12 avril, sauf si Londres présente d'ici là une alternative et demande un nouveau report. Aussitôt connue l'issue du vote, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé la tenue d'un sommet extraordinaire de l'UE le 10 avril. La dirigeante britannique, qui avait mis sa démission dans la balance pour tenter de trouver une majorité sur l'accord de divorce, dispose donc de deux semaines pour convaincre ses 27 partenaires européens qu'elle dispose d'une solution. A défaut, ainsi qu'elle l'a redit devant les Communes, ce sera un "No Deal", une sortie sans accord que redoutent les milieux économiques. Pour éviter ce "saut dans le vide", Londres pourrait demander un nouveau, et long, report de la date du divorce (mais les Britanniques devraient alors participer aux élections européennes de la fin mai) ou en passer par de nouvelles élections. Il est également possible, en théorie, d'annuler toute la procédure de divorce, ce que redoutent les plus ardents Brexiters qui se sont rassemblés vendredi devant Westminster.
Lundi, les parlementaires vont tenter de nouveau de reprendre la main sur le gouvernement pour tenter de définir un plan alternatif susceptible de réunir une majorité aux Communes. Une première série de "votes indicatifs" s'est déroulée mercredi dernier, et aucune des huit options soumises au vote des élus n'a réuni de majorité. Les motions qui ont obtenu pour l'instant le plus de suffrages proposent soit des relations plus étroites avec l'UE, avec notamment le maintien d'une union douanière, soit un second référendum. D'après la BBC, certains plaident dans l'entourage de Theresa May en faveur d'un nouveau vote qui opposerait celle des options proposées par des parlementaires qui aura obtenu le plus de suffrages et l'accord de retrait négocié par May, qui se verrait ainsi offrir une quatrième fenêtre de tir.

Les "Brexiters" se rassemblent devant Westminster
Des milliers de "Brexiters", rejoints par Nigel Farage, ont défilé vendredi dans le centre de Londres alors que les députés de Westminster rejetaient pour la troisième fois depuis janvier l'accord de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, le jour même où le Brexit devait à l'origine entrer en vigueur. "Dehors, c'est dehors !", scandaient devant le Parlement les manifestants hostiles à tout report du Brexit, en agitant l'"Union Jack", le drapeau national. A l'annonce du nouveau rejet de l'accord, des cris de joie se sont élevés. D'autres manifestants, redoutant un long report, voire une annulation du divorce, se disaient trahis par la représentation parlementaire. "Excellent ! Nous sommes en route pour une sortie sans accord", se réjouissait Louise Hemple, une vendeuse de 52 ans, debout près de la statue de Winston Churchill. "Cela veut dire que nous aurons le contrôle total du Brexit, c'est ce pour quoi nous avons voté en 2016." "Je continuerai à manifester jusqu'à ce que nous soyons sortis de l'UE. Les députés sont dans leur bulle, ils ne pensent qu'à eux, pas à nous", a-t-elle ajouté. Nigel Farage, ancien chef de l'Ukip (United Kingdom Independence Party) et l'un des hérauts du Brexit, s'est ensuite adressé à la foule. "Nous les combattrons de nouveau, et nous les battrons une fois de plus", a-t-il lancé. Cette marche de la contestation était partie le 16 mars de Sunderland, ville du nord-est de l'Angleterre qui fut la première à annoncer, après la clôture du référendum du 23 juin 2016, que les partisans du divorce avec l'Union européenne étaient majoritaires dans ses bureaux de vote. Sur 430 km, les marcheurs ont dénoncé la "trahison" du Parlement qu'ils accusent de vouloir s'opposer à la volonté exprimée voici près de trois ans par une majorité d'électeurs.

Trahison
"Ce qui aurait dû être un jour de fête est en fait un jour de trahison", a déclaré Farage à Reuters. "Il y a beaucoup de colère contre la classe politique et contre le gouvernement", a ajouté l'eurodéputé, qui se dit prêt à repartir en campagne à la tête d'un Parti du Brexit si, de report en report, le Royaume-Uni devait finir par participer aux élections européennes, fin mai. La parlementaire travailliste Lisa Nandy a déclaré que des manifestants l'avaient insultée et qualifiée de traître alors qu'elle tentait d'entrer au Parlement pour voter. "On a conseillé à nos assistants de quitter le bâtiment pour leur propre sécurité. Il y avait des policiers armés partout. Ce n'est pas normal", a-t-elle tweeté. Peu d'incidents ont été signalés au long de la journée, où l'atmosphère est restée bon enfant. A 21h00 GMT, la police londonienne disait avoir procédé à cinq interpellations. "Nous devons rappeler au pays que la majorité des électeurs ont voté pour la sortie de l'Union", a déclaré David Malindine, un professeur à la retraite de 63 ans. "Nous aurions dû partir aujourd'hui mais le Brexit a été trahi." Des militants d'extrême droite se sont rassemblés devant la soirée à Whitehall, non loin du 10, Downing Street, le bureau de la Première ministre Theresa May, aux cris de "Nous voulons le Brexit". Andy Allan, 58 ans, a prédit pour la Grande-Bretagne un mouvement comparable à celui des "Gilets jaunes" en France. "Ce qui se passe actuellement est absolument dégoûtant", a-t-il dit. "Mais attention... Si nous sommes trahis par les politiciens, ce sera un soulèvement !".
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