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Brexit : Hammond optimiste sur un accord avec le Labour, qui veut des concessions



Le gouvernement britannique a bon espoir de s'entendre avec l'opposition travailliste sur le Brexit pour sortir de l'impasse actuelle, a déclaré samedi matin le ministre des Finances du Royaume-Uni, Philip Hammond.Le chef de file du Labour, Jeremy Corbyn, s'est montré plus prudent dans l'après-midi, disant attendre de voir bouger les lignes rouges fixées par la Première ministre Theresa May, selon des propos rapportés par un journaliste de la BBC.
"J'espère que nous allons pouvoir prendre une décision la semaine prochaine au Parlement pour éviter une sortie sans accord", a-t-il dit.
Philip Hammond a assuré de son côté que le gouvernement ne s'était fixé aucune ligne rouge dans ses discussions avec le Labour.
"Les discussions avec le Parti travailliste se poursuivent", a-t-il dit aux journalistes en marge d'une réunion à Bucarest des ministres des Finances de l'Union européenne. "J'ai bon espoir que nous parvenions à une forme d'accord avec le Labour."
Vendredi soir, après plusieurs jours de discussions avec le gouvernement de Theresa May, les travaillistes avaient déploré que la Première ministre n'ait pas proposé de "changement ou de compromis véritable".
Quant à la porte-parole du Labour sur les questions intérieures, Diane Abbott, elle a estimé samedi matin que les Tories devaient faire preuve de bonne volonté pour trouver un compromis sur les "lignes rouges" tracées par Theresa May lors des négociations avec l'Union européenne, notamment sur la question de l'union douanière dans laquelle les travaillistes souhaitent que le Royaume-Uni demeure.

"Lettre de suicide" des tories
"D'après moi, le gouvernement n'a pas bougé sur le concept de déclaration politique, qui est crucial", a dit Diane Abbott au micro de la BBC-radio. "Le gouvernement doit peut-être se montrer un peu plus flexible qu'il ne semble l'avoir été jusqu'à présent".
Philip Hammond s'est dit par ailleurs optimiste quant au sommet européen de mercredi sur le Brexit, car, selon lui, la majeure partie des pays de l'UE comprennent qu'il est nécessaire d'accorder un nouveau délai pour que le retrait du Royaume-Uni s'effectue de façon ordonnée.
"La plupart de mes homologues, avec qui j'ai parlé, acceptent que nous ayons davantage de temps pour boucler le processus", a dit Hammond. La Première ministre britannique a écrit cette semaine aux dirigeants européens pour leur demander de reporter au 30 juin la date du Brexit, normalement fixée au 12 avril. Nombreux sont ceux, au sein du Parti conservateur, qui sont de plus en plus préoccupés par la perspective d'un nouveau report, car cela impliquerait que le Royaume-Uni prenne part aux élections européennes des 23-26 mai. "Faire campagne pour les élections européennes, que ce soit pour le Parti conservateur ou même le Labour, et avoir à expliquer à nos électeurs pourquoi nous n'avons pas pu faire le Brexit, voilà qui serait une menace existentielle", a dit à la BBC-radio Nadhim Zahawi, secrétaire d'Etat britannique chargé de l'Education.
"J'irais même jusqu'à dire (...) que cela constituerait la lettre de suicide du Parti conservateur", a-t-il continué.

La proposition de Tusk discutée
La proposition d'un "long report flexible" du Brexit a été soutenue vendredi par un grand nombre d'ambassadeurs de pays de l'Union européenne mais les représentants de plusieurs Etats-membres ont insisté sur la nécessité d'obtenir au préalable de Londres un plan clair permettant de sortir de l'impasse, a-t-on appris de source européenne.
Il a aussi été question d'un engagement britannique à coopérer de manière sincère avec l'UE le temps de cette éventuelle extension, a ajouté ce responsable européen, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Il s'agit de faire en sorte que Londres, tout en restant membre de plein droit de l'UE durant cette période prolongée avant le divorce, ne cherche pas à influencer les orientations du bloc communautaire qu'elle s'apprête à quitter. Le mois dernier, Michel Barnier, le négociateur en chef des Européens, a mis en garde contre les coûts économiques et politiques d'un long report du divorce, qui signifierait que les Britanniques pourraient être impliqués dans la mise en place de la future Commission européenne, après les élections européennes du mois prochain, ainsi que dans l'examen du cadre budgétaire 2021-2027.
Selon une source européenne, le président du Conseil européen, Donald Tusk, va probablement proposer à Londres un report "flexible" de 12 mois de la date du Brexit.
Cette solution, qui requerra l'aval des 27 dirigeants européens qui se réuniront la semaine prochaine en sommet extraordinaire à Bruxelles, permettrait au Royaume-Uni de quitter l'Union européenne dès la ratification par Londres de l'accord de retrait négocié par Theresa May avec les autorités de Bruxelles.
La Première ministre britannique a formellement demandé pour sa part un nouveau report de la date du Brexit au 30 juin. Dans son esprit aussi, ce délai supplémentaire prendrait fin dès ratification par la Chambre des Communes de l'Accord de retrait.

"Flextension" et but en or
"La seule porte de sortie raisonnable, a dit cette source européenne, est celle d'un report long mais flexible. Je le qualifierais de 'flextension'", c'est-à-dire une prolongation d'une durée maximale d'un an mais qui prendrait automatiquement fin dès ratification de l'Accord de retrait par la Chambre des communes, à la manière du "but en or" un temps pratiqué dans le football.
"Il s'agirait là d'un bon scénario pour les deux parties car il offrirait au Royaume-Uni toute la flexibilité nécessaire tout en évitant d'avoir à se réunir chaque semaine ou presque pour discuter d'un nouveau report du Brexit."
A l'issue de la réunion des ambassadeurs, un responsable européen a indiqué vendredi que "les discussions avait montré un large soutien à cette idée d'une longue 'flextension'". Pourtant, il y a quinze jours à peine, les Vingt-Sept avaient refusé d'accorder à May un report courant jusqu'au 30 juin et opté pour un sursis limité (jusqu'au 22 mai si la dirigeante britannique parvenait enfin à faire ratifier l'accord; jusqu'au 12 avril dans le cas contraire). Plusieurs diplomates ont insisté vendredi sur le fait que plusieurs options étaient toujours sur la table, y compris un rejet de la nouvelle demande de May qui accentuerait le risque d'un divorce sans accord.
"Nous attendons de voir s'il y a de véritables progrès avec le Labour", a dit un de ces diplomates en allusion aux discussions que May a ouvertes cette semaine avec l'opposition travailliste. "Accepter sa demande est difficile pour certains au sein de l'UE. La date du 30 juin est toujours aussi compliquée qu'il y a deux semaines en raison des sensibilités entourant les élections européennes", ajoute-t-il. Mais "un long report est un moyen de réduire l'incertitude et d'éviter des sommets d'urgence permanents sur le Brexit." Comme le 21 mars dernier, Theresa May s'adressera mercredi prochain aux 27 autres dirigeants de l'UE et répondra à leurs questions avant de quitter la salle du conseil et de les laisser décider. Il y a quinze jours, elle leur avait donné l'impression de ne plus contrôler la situation et de n'avoir aucun plan pour sortir de l'impasse, renforçant les tenants d'une ligne dure, parmi lesquels la France.


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