Algérie

Bras de fer israélo-américain


Bras de fer israélo-américain
John Kerry ne veut pas lâcher prise. Pour la 10ème fois en une année, il est, depuis jeudi dernier, de retour au Moyen-Orient. Cette fois il a pris soin de prendre dans ses bagages un projet d'accord-cadre sur lequel devraient travailler Israéliens et Palestiniens pour faire la paix. C'était ce qu'avait promis Obama au cas où les négociations entre les deux parties traîneraient en longueur. C'est le cas. Le président américain ne semble pas se laisser prendre au jeu israélien qui consiste à user et abuser de moyens dilatoires. Depuis son discours de mai 2011 où il a déclaré être pour la création d'un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, Israël multiplie les manoeuvres pour y faire échec. Conscient des difficultés dressées, Obama avait imposé une feuille de route avec des dates butoirs. Avec cet accord-cadre, il donne la première preuve qu'il entend faire respecter son calendrier. L'autre étape sera pour le mois d'avril prochain, terme du délai qu'il a fixé pour faire aboutir le processus de paix. Tout ceci n'est évidemment pas pour plaire à Israël. Netanyahu redouble d'ingéniosité pour contrer le «dynamisme» américain. Tout en préservant l'image d'aller dans le sens de la recherche de la paix en décidant la libération de quelques prisonniers palestiniens à la veille de l'arrivée de Kerry, il fait adopter par son gouvernement, dans le même temps, l'annexion de la vallée du Jourdain. Les constructions de nouvelles colonies israéliennes en territoire palestinien se poursuivent également. L'armée israélienne, de son côté, a décidé de reprendre ses bombardements sur Ghaza en «représailles à un tir de roquette» même si aucune victime n'est à déplorer. Le Premier ministre israélien pousse jusqu'à accuser le président palestinien, Mahmoud Abbas, d'avoir accueilli les prisonniers libérés en héros. Ce qui, d'après lui, n'est rien d'autre qu'un acte d'hostilité. Et pour mieux «étouffer» la mission de Kerry, Ariel Sharon plongé dans le coma depuis 9 ans a été «réveillé». Tous les médias passent en boucle les «derniers organes vitaux» du malade qui s'éteint. Pendant ce temps-là, le secrétaire d'Etat américain poursuit ses consultations sans les caméras. Il passe de Netanyahu à Mahmoud Abbas pour remettre sur les rails le processus de paix. Il n'en démord pas. «J'ai l'intention de travailler avec les deux parties plus intensément... pour les négociations sur le statut final», a-t-il averti. Façon de dire qu'il n'est pas question pour lui de se laisser distraire par quelques manoeuvres que ce soit. Israël n'a jamais été habitué à ce genre de fermeté de la part de son soutien inconditionnel qu'ont toujours été les Etats-Unis. C'est la première fois, depuis 1948 que la Maison-Blanche décide de faire passer les intérêts américains en enjambant les désirs israéliens. Obama a décidé de ne plus engager de troupes militaires américaines à l'extérieur. On a vu comment la crise iranienne a été négociée. On a vu également primer la recherche de solution politique avec Genève 2 sur la Syrie. L'Irak a été évacué par les militaires US. L'Afghanistan aussi. Même pour les frappes en Libye, les Etats-Unis avaient laissé la Grande-Bretagne et la France aux premières lignes. C'est dans cet esprit de ne plus risquer la vie des Américains sur des champs de bataille lointains que toute l'action du président Obama s'inscrit. Le plus difficile conflit à régler pour lui reste celui du Moyen-Orient. Plus difficile dans le sens où il est décidé à ne plus suivre les dirigeants israéliens dans leurs visées expansionnistes tout en préservant cette qualité «d'allié inconditionnel» que tous les dirigeants américains avant lui n'ont cessé de rabâcher. Pour toutes ses raisons, le conflit israélo-palestinien prend de plus en plus l'allure d'un bras de fer israélo-américain. Sous l'oeil attentif d'une Europe qui voudrait bien s'émanciper!


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