Algérie

Bras de fer au sommet sur la diplomatie en Tunisie



La diplomatie active du président du Parlement tunisien Rached Ghannouchi, chef du mouvement d'inspiration islamiste Ennahdha, qui empiète sur les prérogatives du président de la République Kais Saied, est au centre d'un débat parlementaire qui a enclenché hier un signe d'une reprise des tensions.Dès janvier, alors que Kais Saied, élu depuis trois mois, ne s'était pas encore rendu à l'étranger, Rached Ghannouchi, alors à la tête du Parlement depuis à peine deux mois, avait déjà rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan. La diplomatie étant constitutionnellement le domaine du président de la République, cela avait valu à M. Ghannouchi une audition au Parlement, durant laquelle il s'était défendu en assurant avoir informé la Présidence de cette rencontre, qu'il avait effectuée en tant que chef du parti Ennahdha. La polémique a repris de plus belle fin mai, après que M. Ghannouchi a félicité par téléphone le chef du Gouvernement d'union nationale en Libye, Fayez al-Sarraj, pour la conquête d'une base aérienne libyenne des mains du maréchal Haftar, homme fort de l'Est libyen.
Cette position contraste avec la neutralité observée de longue date par Tunis, alors que la Libye se déchire entre d'un côté le GNA reconnu par l'ONU et soutenu par la Turquie, dont Ennahdha est proche, et de l'autre les pro-Haftar, soutenus notamment par les Emirats.
Les pouvoirs spéciaux confiés au gouvernement pour gérer la crise expirent le 11 juin, et les décisions devront ensuite passer par les jeux de pouvoir parlementaires complexes : Ennahdha, principale force du Parlement, n'en contrôle qu'un quart des sièges. Le président Saied, lui, est passé à l'offensive face au deuxième personnage de l'Etat. Dans un discours acerbe fin mai, il a souligné que la Tunisie n'avait "qu'un seul président, à l'intérieur du pays comme à l'extérieur", une critique implicite de l'intense activité diplomatique de M. Ghannouchi, selon la Présidence.
R. I./Agences


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