Algérie

Bras de fer au Caire



Bras de fer au Caire
En pleine campagne électorale pour la présidentielle, l'Egypte renoue avec la violence qu'elle a connue l'an dernier lors des manifestations qui ont entraîné la chute du régime de Hosni Moubarak. Des affrontements entre manifestants et militaires ont fait des dizaines de victimes. Ils ont été suivis de centaines d'arrestations et de détentions massives après les violences du Caire, qui se sont étendues jusqu'aux abords du ministère de la Défense. L'armée a aussitôt décrété un couvre-feu dans ce quartier stratégique. Depuis plusieurs semaines, la tension était perceptible dans la capitale égyptienne et dans d'autres bastions islamistes, notamment après la disqualification d'un candidat salafiste à la présidentielle.
En fait, le bras de fer avec l'armée a coïncidé avec la décision prise par un tribunal de dissoudre l'Assemblée constituante mise en place par les Frères musulmans, qui ont remporté 45% des sièges lors des législatives de l'an dernier. Leur opposition au gouvernement nommé par les militaires les a poussés à suspendre les travaux de la Chambre jusqu'au 6 mai.
Toutes ces péripéties démontrent que l'armée, depuis la chute du raïs, entend garder la haute main sur le déroulement du processus qui doit aboutir à l'élection du futur président de la République et sur la passation du pouvoir aux civils. Et même au-delà du 30 juin sans doute, avec l'élection d'un président de la République issu du sérail et qui ne pourrait pas constituer une quelconque menace pour les militaires et le système mis en place depuis des décennies.
Les manifestations de la place Tahrir de l'an dernier, la fin du régime de Hosni Moubarak, son procès et celui de ses fils, tous ces épisodes avaient soulevé chez beaucoup d'Egyptiens l'espoir d'un réel changement démocratique. La suite allait prouver le contraire, à savoir que les militaires n'entendaient pas laisser leur échapper un processus qui risque de se retourner contre eux, quitte pour cela à ne pas hésiter à manipuler l'administration et l'appareil judiciaire, surtout depuis la victoire des islamistes aux législatives à l'issue desquelles ils sont devenus la première force politique du pays. L'armée entend ainsi assurer une transition «assistée et contrôlée» vers un régime civil car trop d'enjeux sont sur le tapis. C'est précisément ce qui donne à la présidentielle du 23 mai la caractéristique d'être sous surveillance de l'armée. Celle-ci se veut rassurante en assurant que cette élection sera à «100% honnête» et qu'elle pourrait remettre le pouvoir aux civils le lendemain du premier tour si le président était élu avec plus de 50% des voix. Pour l'heure, le «tour de vis» des militaires et le durcissement de la riposte aux manifestations pacifiques ne vont pas dans ce sens.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)