Algérie

Branle-bas de combat autour du nucléaire iranien



Le théâtre habituel de Netanyahu
L'arrière-pensée du Premier ministre israélien consistait d'abord à fissurer le front uni des Européens sur le nucléaire iranien, en distribuant à qui veut le croire les «fameuses preuves» prétendument sorties d'Iran par les services secrets israéliens...
La tournée de Benjamin Netanyahu en Allemagne et en France où les milieux de gauche sont montés au créneau pour critiquer une visite «inacceptable» aura mis à nu, de manière parfois cruelle, l'assujettissement des dirigeants européens aux exigences d'Israël. Le président français aura déroulé le tapis rouge à son hôte, se hasardant à manifester son dépit par une poignée de main «moins ferme» que lors de leur dernière rencontre, dixit la presse hexagonale! Quant à la chancelière allemande, elle aura joué la prudence jusqu'au bout, tandis que de façon magnanime, mais résolument alarmiste Benjamin Netanyahu la mettait en garde contre un nouvel afflux de réfugiés syriens en Allemagne «si rien n'est fait pour contenir l'influence croissante de l'Iran» au Moyen-Orient. C'était en effet l'unique but de ce voyage, convaincre les principales puissances de l'Union européenne de rejoindre au plus vite la coalition israélo-américaine formée contre Téhéran et financée par les monarchies du Golfe.
L'arrière-pensée du Premier ministre israélien consistait d'abord à fissurer le front uni des Européens sur le nucléaire iranien, en distribuant à qui veut le croire les «fameuses preuves» prétendument sorties d'Iran par les services secrets israéliens sur la non moins prétendue poursuite du programme nucléaire. Ce faisant, il pouvait insister alors sur le caractère très sensible du dossier et ses conséquences pour une chancelière allemande fragilisée depuis des mois par la question des migrants.
Habitué des surenchères et conscient que plus le mensonge est gros plus il a des chances d'être avalé, Netanyahu a également accusé l'Iran d'organiser le déploiement massif en Syrie de milices chiites, originaire notamment d'Afghanistan et du Pakistan, sous commandement militaire iranien, avec un «objectif militaire mais aussi religieux». Son but, a-t-il martelé, est «de mener une guerre de religion en Syrie, en majorité sunnite», et «cela risque de provoquer une nouvelle guerre de religion - cette fois une guerre de religion à l'intérieur de la Syrie - et la conséquence sera beaucoup plus de réfugiés et vous savez exactement où ils iront».
Pour conclure doctement, avec le culot effronté et sans borne dont il a maintes fois fait preuve, que cette menace «devrait être une source de préoccupation pour l'Allemagne» pariant sur la position fragile de la chancelière très critiquée par l'extrême-droite, mais aussi par la droite allemande sur cette question. Angela Merkel a admis que l'influence iranienne en Syrie, au Yémen ou au Liban était «préoccupante» et qu'il convenait «de restreindre fortement» les «activités régionales» de Téhéran. Pourtant, elle s'est arc-boutée au maintien en vie de l'accord sur le nucléaire iranien malgré l'hostilité agressive de l'Etat hébreu. «Nous n'avons pas sur tous les dossiers des convergences de vue», s'est-elle contentée de rappeler diplomatiquement à Benjamin Netanyahu. Celui-ci ne cesse de proclamer sa détermination à empêcher l'Iran d'accéder à la maîtrise du nucléaire qui serait, selon lui, «le plus grand défi pour le monde civilisé». Et d'ajouter qu'«il est important d'empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire et nous ne laisserons pas cela arriver».
Prenant à vif le tweet du guide suprême iranien l'ayatollah Ali Kameneï qui réaffirme sa conviction qu'«Israël est une tumeur cancéreuse» au Moyen-Orient «qui doit être éradiquée», Benjamin Netanyahu aura tout essayé pour saborder le front uni Allemagne-Royaume Uni - France qui sont trois des signataires de l'accord avec l'Iran. Il semble que ce soit en vain, mais le Premier ministre israélien a plus d'un tour dans son sac. Et il a surtout, pour réussir son tour de passe-passe, l'appui inconditionnel du président américain Donald Trump qui, sur bien des sujets, est plus israélien que Netanyahu lui-même, en dépit de son slogan de campagne «America first».
Arguant de l'annonce de Téhéran, Netanyahu répète urbi et orbi que l'augmentation du nombre de centrifugeuses iraniennes a pour but de détruire Israël. «L'ayatollah Khamenei a déclaré il y a deux jours son intention de détruire l'Etat d'Israël. Il a expliqué lundi comment il comptait s'y prendre: en enrichissant l'uranium sans restriction pour constituer un arsenal nucléaire», insiste-t-il sur les réseaux sociaux avant d'avertir: «Nous ne sommes pas surpris. Nous empêcherons l'Iran de se doter d'armes nucléaires». A Paris, où on s'est bien gardé de lui dire certaines vérités, le climat était malgré tout morose, compte tenu de l'épisode significatif d'un entretien Netanyahu-Richard Grenel, le sulfureux ambassadeur américain en Allemagne, juste après l'entrevue avec Angela Merkel. Ce diplomate, fidèle de Donald Trump, multiplie les controverses depuis son arrivée pourtant toute récente à Berlin, au point que les sociaux-démocrates ont exigé son renvoi de toute urgence.


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