Algérie

Branle-bas de combat



À peine remis des séquelles d'une troisième vague violente, le personnel médical s'apprête à faire face à une quatrième dont on ignore le niveau de violence.Comme une fourmilière, l'hôpital Nedjma, ex-Chteïbo, structure dédiée à la prise en charge des malades de la Covid-19 dans la wilaya d'Oran, se prépare activement à affronter la quatrième vague de Covid-19 qui pointe le bout de son nez. Non sans appréhension. À peine remis des séquelles d'une troisième vague violente, le personnel médical s'apprête à faire face à une quatrième dont on ignore le niveau de violence. Les souvenirs des drames vécus l'été dernier continuent de hanter le personnel hospitalier.
"Nous sommes tous traumatisés par la 3e vague et nous prions pour que la prochaine ne soit pas aussi agressive", prie le directeur de l'hôpital, Karim Laroussi. Mais il assure que les leçons ont été tirées et qu'un dispositif est mis en place pour éviter que le scénario catastrophe de l'été dernier se reproduise. Et à ce propos, la première chose qui vient à l'esprit est immanquablement le générateur d'oxygène. M. Laroussi affirme que son établissement est doté de cette machine qui soulage les contaminés et que de nouveaux respirateurs, des scopes (moniteurs qui permettent de suivre les signes vitaux des patients) et des manomètres sont désormais disponibles.
De quoi rassurer les malades et leurs familles. Cela devrait permettre une meilleure prise en charge des malades qui ne manqueront pas d'affluer en cas de nouveau pic. "Pour peu que les autres structures hospitalières prennent une partie des malades et, qu'en cas de besoin, l'hôpital d'El Kerma soit réquisitionné à temps, nous pourrons sans doute prendre en charge les malades qui se présenteront à notre établissement", assure le responsable. La structure hospitalière dispose de 240 places, mais avait dû, l'été passé, prendre en charge quelque 400 malades. "Nous avons géré 70% de l'ensemble des patients lors de la 3e vague de Covid-19", estime Karim Laroussi.
Ce qui avait engendré l'anarchie que l'on sait et provoqué de nombreuses pertes humaines. "Nous étions submergés, les lits ne suffisaient plus, il avait fallu en improviser dans les couloirs et les halls, nous manquions d'oxygène... Nous étions contraints de recourir à la médecine de guerre", continue-t-il comme pour appeler à une meilleure répartition des flux des malades entre les établissements mobilisés pour la lutte contre la Covid-19, soit le CHU d'Oran, l'hôpital d'Aïn Turck, celui de Mohguen à Arzew et l'EHS pédiatrique de Canastel.
Effectif renforcé
Depuis près d'un mois, l'hôpital Nedjma affiche une légère augmentation des consultations et des admissions (une dizaine par jour en consultation et en admission), ce qui a provoqué, il y a quelques jours, une réunion entre la direction et les personnels médical et paramédical pour se préparer à l'éventualité d'une nouvelle vague. "Le personnel hospitalier s'est enrichi d'une cinquantaine de paramédicaux issus d'une nouvelle promotion, mais nous manquons toujours de réanimateurs", continue encore Laroussi, insistant toujours sur la nécessite d'une gestion rationnelle des flux des malades. "Notre crainte est que les sollicitations dépassent les capacités de l'hôpital. S'il n'y pas une meilleure gestion, une meilleure répartition des patients, nous ne pourrons pas garantir une prise en charge adaptée et optimale. L'hôpital Nedjma est, certes, dédié à la Covid-19, mais ses capacités sont limitées", prévient encore le responsable décidément pas du tout disposé à revivre l'épisode de la 3e vague.
Si l'hôpital continue pour le moment d'enregistrer des admissions à doses homéopathiques, la direction craint que l'établissement soit de nouveau confronté à l'afflux enregistré aux mois de juin et juillet, en raison de la tendance des autres hôpitaux à orienter les malades vers l'hôpital Nedjma pour la simple raison qu'il est dédié à la Covid-19. "Aujourd'hui, nous devons tirer les enseignements pour une meilleure gestion de la 4e vague, nous n'avons pas le droit de commettre les même erreurs", préconise le directeur. Karim Laroussi, qui considère que l'hôpital Nedjma devrait être prêt le moment voulu, exhorte, par contre, les autorités locales à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du personnel hospitalier. L'établissement est, en effet, situé à l'écart des zones d'habitation, ce qui crée un sentiment d'insécurité, légitime en ces temps incertains, pour le personnel hospitalier, notamment en hiver.
"Nous avons eu des cas d'agression et des menaces. La présence de la police ou de la gendarmerie serait la bienvenue", réclame encore le responsable. Après trois mois de répit, l'hôpital Nedjma semble prêt à affronter la quatrième vague. À condition, toutefois, qu'elle ne soit pas aussi agressive que la précédente et que l'ensemble des établissements hospitaliers s'impliquent dans le combat contre le Covid-19.

S. Ould Ali


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