« Ljerrat » (les traces), est un roman de nouvelles en format de poche de 114 pages, écrit en kabyle par Brahim Tazaghart. Il raconte des histoires du vécu de tous les jours, dans des endroits qu’on se reconnait facilement.
Brahim Tazaghart, est connu dans la mouvance culturelle en général et les activités théâtrales en particulier. Il fait partie des premiers militants de la cause amazighe. Il est d’ailleurs derrière une multitude d’actions pour la promotion de la culture amazighe qui lui est chère. Apres un long silence, aujourd’hui il revient sur le terrain de l’écriture romanesque, après avoir connu des débuts sur le terrain de la poésie. Il nous présente certaines situations avec détail et précision et avec une très grande simplicité. Ainsi, il enrichit comme il peut la bibliothèque kabyle.
Le roman « Ljerrat », est un recueil de 13 nouvelles, dans lesquelles, l’auteur brosse diverses situations qui ont une relation directe avec notre société. Il traite la trahison, la folie de l’amour, les activités culturelles...
Ljerrat, est un rêve qui nous fait défiler les traces de cet artiste anonyme, qui laisse ses pas dans cette chambre, qu’il a occupé à un moment, sans qu’on sache l’issue de son itinéraire. L’auteur nous fait vivre la beauté artistique par le biais de ces traces sur le mur qui arrive sur le toit pour finir en cercle sur l’ampoule. A chaque empreinte, il y’a un artiste qui est remémoré à travers le monde, de Mhamed Issiakhem à Salvador Dali, sans oublier Arezki Larbi. De cette beauté qu’il découvre dans la chambre, il prend notre main pour nous emmener à faire une comparaison avec le quotidien, pour enfin revenir à sa chambre et dormir.
Dda Amar, le titre d’une de ces nouvelles, est l’histoire de ce taxieur marié à une femme, avec laquelle il a eu deux gosses. Lors d’une course qu’il effectua, il prit une femme enceinte à l’hôpital. Cette dernière l’inculpa d’être le père des jumeaux qu’elle vient d’accoucher. Lui, bien sur, nia. Au contrôle sanguin, auquel il est soumis, il découvre sa stérilité. Au-delà de l’histoire, l’auteur Brahim Tazaghart, veut nous parler de la morale de la société, qui nous interpelle, en disant que des fois nous pouvons dénigrer un comportement, que des fois les raisons de son existence dépasse les envies. .
Targit (le rêve), comme le titre l’indique, décrit la situation d’un consommateur de drogues douces (kif, hachisch). Il cite le cas de ces jeunes qui pensent trouver la clé à leurs problèmes dans un joint. Il se laisse prendre dans des hallucinations. Ferroudja est cette atmosphère qui règne au sein d’une troupe théâtrale, en répétition. Le stress qui envahit le metteur en scène...
Tikli deg yid (le noctambule), c’est l’histoire de Amnay, un militant des causes opprimés, qui avec le recul veut quelques part arrêter son chemin. Cet état de fait est né, suite aux mésaventures endurées dans sa vie. Tikli deg yid, est une nouvelle qui cache une histoire. Akka kan (ça continue), est une critique de ces militants qui ne veulent pas affronter la réalité.
Pour ce qui est de la méthode de transcription, nous remarquons quelques erreurs qui ne sont pas d’une très grande importance. Sinon l’auteur, a fait en sorte de respecter les propositions de l’INALCO, pour la notation usuelle à base latine de Tamazight.
Le style que nous propose l’auteur, dans ce roman « Ljerrat », est prosaïque, plein d’images qui alimentent notre envie de lecture en langue kabyle. Pour parler du temps maussade, Brahim Tazaghart écrit « itran rewwlen deffir usigna ittehnunufen. » ou cette métaphore dans laquelle il cite la dignité « msawalen idurar, mlalent nnhati, tendekwal-d tfentazit deg wulawen yerzen » ou celle qui traite la nuit « ttlam yebded ghef tsusmi d usemmid » ou cette personne qui ignore ce qu’il veut « myuttalent tikta deg tmelghight-is am tissist ».
C’est avec ces essais que nous pouvons développer l’esprit productif. « Ljerrat » peut être d’un très apport à la découverte de nouveaux synonymes et de nouvelles manières d’exprimer une pensée d’une région à une autre.
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Posté Le : 16/11/2014
Posté par : Slash
Source : http://www.bgayet.net