Algérie

Brahim Salhi chercheur et enseignant à l'Université de Tizi Ouzou : «L'Achoura est une fête joyeuse»



Ce chercheur est familier de nombreuses rencontres sur les mutations politiques et sociales que connaît notre pays. Il est par ailleurs l'auteur d'un ouvrage sur la confrérie Rahmania et d'études sur le réformisme ibadhite dans le Mzab. Enseignant à  l'université de Tizi Ouzou et associé à  de nombreux centres de recherche. Il s'est aussi beaucoup intéressé à  la production culturelle ancienne ou récente du domaine amazigh qu'il a présenté encore tout récemment dans une rencontre scientifique en Allemagne. Chaque Achoura ou taachourt les mausolées deviennent des lieux de ralliement pour des milliers de personnes notamment en Kabylie. Quelle interprétation peut-on donner de ce phénomène de masse 'La religion populaire est au croisement de rites anciens, de dévotions empruntés au dogme et de pratiques sociales tendant à  ressouder des liens communautaires notamment par le biais de rassemblements festifs (partage de repas ...). Taachourt est dans le monde berbère une fête qui n'a pas la même intonation que celle que fêtent les chiites par exemple. Elle est plutôt une fête joyeuse, fondée sur des rites agraires anciens. A ce titre, elle a toujours une connotation qui la relie aux cultures locales et qui lui confère cette popularité. Vous avez consacré des études à  la religion populaires et évoqué au passage l'un des mausolée les plus célèbres Sidi Oudhriss, comment y fête-t-on Taachourt dans le passé et de nos jours '  Je n'ai pas spécialement travaillé sur  la région Oudhriss d'Illoulen même si je l'évoque longuement. Ce qui peut s'y passer lors de l'Achoura ne me paraît pas différent de ce que l'on peut observer ailleurs. Les zawiyas, outre leur fonction religieuse ,remplissent une fonction de mise en cohésion des groupes locaux et des espaces de forte sociabilité. La religion n'est pas déconnectée des attentes et des aspirations, disons plus prosaïques. Ainsi, lors des rassemblements de taachourt ou à  d'autres occasions, les pèlerins (ezouar) outre leurs dévotions règlent quelques affaires de la vie courante grâce aux contacts denses (cas des contacts de type matrimoniaux).   Que peut apporter cette religion populaire à  notre société ' La résurgence de ces manifestations est-telle selon vous un bon signe 'Le retour de visibilité de la religion populaire est un signe de vitalité qui n'a pas toujours était affecté par les changements et qui s'adapte à  ceux-ci. Il faut simplement noter que ce secteur de la spiritualité algérienne sort désormais d'une période d'occultation et contribue à  ouvrir une réflexion et un besoin de connaissance qui s'expriment régulièrement dans les médias mais aussi dans les questionnements des jeunes chercheurs en sciences sociales en particulier dans de nombreux séminaires et colloques.


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