Algérie - Brahem El Euldj Bey

Brahem El Euldj Bey (1703 - 1707)



Brahem El Euldj Bey (1703 - 1707)
Il était un descendant de El Euldj Ali Pacha. Il vivait à Alger quand il fut désigné à ce poste. En 1703, le bey de Tripoli, par ses actions maladroites, provoqua, à la fois, les gouvernements de Tunis et d'Alger. Hadj Mostefa Pacha et Ibrahim Pacha de Tunis qui succéda à Mourad Bey s'entendirent pour mener une opération commune contre le pacha de Tripoli qu'ils fixèrent pour le printemps suivant (1704) (1)

(1) Histoire de l'A.N., par L. Péchot, t, 111. pp. 99 et 182. (Période turque).

Brahem El Euldj comme les autres beys de province, conformément aux instructions de leur maître, se mirent immédiatement à la préparation de cette expédition. Mais elle n'eut pas lieu comme prévu. En effet, certaines rumeurs parvenues de Qacentina à Alger, prétendaient que cette provocation était le fruit d'une entente entre Tripoli et Tunis pour attirer l'armée algérienne loin de ses bases et l'anéantir ; la preuve disait on, que Tunis n'avait pas livré de blé au moment de la dernière disette et avait préféré le vendre aux Chrétiens. Alimentée par on ne sait quelle "puissance occulte", cette opinion gagna toutes les couches sociales. La milice elle même n'échappa pas à l'influence de cette propagande. L'odjak exigea du pacha qu'il retournât ses armes contre Tunis.

Le 11 juillet 1705, l'armée algérienne battit l'armée tunisienne aux environs de Kef sur l'Oued Tin. Trahi par Hussein Ben Ali, Ibrahim Bey fut fait prisonnier et envoyé à Alger. Proclamé bey, Hussein Ben Ali rejoignit Tunis et promit à Mostefa Pacha qu'il signerait un traité dans quelques jours. Il en profita pour organiser la défense de sa capitale. Au bout de quelques jours, Mostefa Pacha lui fit soumettre un traité de paix entre les deux pays. Hussein Ben Ali le rejeta et la guerre reprit. Le pacha d'Alger mit le siège devant Tunis le 28 août, mais le 5 octobre, ne pouvant forcer la défense et constatant de nombreuses défections dans les troupes tunisiennes qui s'étaient jointes à lui, il eut peur d'être pris à revers ; il ordonna alors le repli vers Annaba.

Mais Hussein Ben Ali fit harceler ses arrières par sa cavalerie toute fraîche arrivée du Sud. La panique s'emparant de chacun, transforma la retraite en une déroute désastreuse. Les débris des troupes algériennes réussirent avec peine, les uns à s'embarquer à Annaba, les autres à regagner Qacentina. Brahem El Euldj les accompagna quelques jours après jusqu'à la sortie des Portes de Fer pour les protéger contre une éventuelle attaque de la part des Beni Abbas (2).

(2) Selon Ben AbdelazIz, un chroniqueur tunisien (Annales Tunisiennes), par A, Rousseau, p. 97 (1851) : « Les négociations n'ayant pas abouti, les hostilités recommencèrent presque aussitôt (2 septembre 1705). Mais, après un mois de siège à la suite de plusieurs engagements malheureux, les Algériens, abandonnés par une partie des tribus tunisiennes, qui s’étaient d'abord jointes à eux, durent précipitamment lever le siège.
Craignant que tous ses auxiliaires, imitant ce dangereux exemple, ne tournassent leurs armes contre lui-même, le dey Mustapha résolut
de se retirer aussitôt pour éviter d’être pris entre deux feux. Le danger était imminent, et il fallait l’éviter au plus vite.
Aussi, le 18 du mois de Djoumad etania, (5 octobre), par une nuit obscure, les algériens levèrent précipitamment le camp, en abandonnant un matériel immense. A la pointe du jour, la cavalerie de Hossein Ben Ali fut lancée à leur poursuite, et fut assez heureuse pour s’emparer à quelques lieues de Tunis, d’un convoi considérable de munitions de guerre, que le gouverneur de Bône avait envoyer à Mostefa bey.
Depuis Tunis jusqu’à Sedira, la retraite des algériens fut une véritable déroute. Harcelés de toutes parts par les arabes et par les troupes de Hossein, envoyées à leur poursuite, ils durent apporter la plus grande précipitation dans leur fuite ».

A son retour, il marqua un temps d'arrêt à Médjana où il fut reçu par les Mokrani avec tous les honneurs qui lui sont dûs.

Quand la nouvelle de la défaite des troupes algériennes parvint à Alger, l’odjak désigna Hassan Khodja en remplacement des Mostefa Pacha. Celui ci réussit à prendre la fuite et à se réfugier dans la zaouïa de Sidi Ali Ben Mebarek à Koléa où il demeura jusqu'à sa mort.

Hassan Khodja rendit la liberté à Ibrahim Bey et l'incita à se rendre à Tunis pour rallier des partisans. Ce dernier laissa sa famille à Qacentina (3) et s'embarqua à Annaba pour Porto Farina, mais, dès qu'il y mit pied à terre il fut arrêté et mis immédiatement à mort.

(3) Selon Salah el Anteri les Ben Labiad descendraient de Ibrahim Bey.

Hassan Khodja tenta vainement de renflouer les caisses de l'Etat épuisées par les dernières guerres, et donner satisfaction à la milice qui réclamait sa solde. Les Yuldachs se révoltèrent et le déposèrent en faveur de Brahem Begtach (1707).

Brahem El Euldj Bey subit le même sort ; il fut remplacé par Hamouda-Bey puis par son fils Ali (1707 1708) qui ne gouvernèrent que quelques mois. Ce dernier fut remplacé par Hussein Chaouch (1708 1709), lequel profitant de la confusion qui régnait dans le pays s'enfuit à Tunis avec le montant du denouche (4).

(4) Berbrugger, dans l'article « Epitaphe Ouzan Hassan », Revue Africaine (1865), P. 121.

Abderrahmane Ben Ferhat qui lui succéda ne tint pas plus que ses prédécesseurs. Il fut remplacé par Hussein dit Denguezli en 1710. Celui ci abandonna son poste pour se réfugier en Tunisie où il obtint une place à la Cour (5).

(5) Les Denguezli existent toujours à Tunis.



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