«Notre unique objectif est de se qualifier au Mondial 2014 au Brésil.» «La tragédie de Port-Saïd a eu un impact énorme sur la famille du football.»
En prenant la courageuse décision de prendre les commandes de la sélection des Pharaons, tout juste après la révolution égyptienne, l'Américain Bob Bradley, qui avait emmené les Etats-Unis à la Coupe du Monde de la FIFA 2010, a dû faire face par la suite à de nombreux soucis inattendus, avec notamment les conséquences des émeutes de Port-Saïd, à savoir une situation instable dans le pays et l'interruption du championnat national. Aujourd'hui âgé de 55 ans, Bradley revient pour FIFA.com sur cette période mouvementée. Il évoque en outre le bon départ des septuples champions d'Afrique dans la course à la qualification pour Brésil 2014. Le prochain rendez-vous de l'Egypte en la matière aura lieu le 26 mars, avec la réception du Zimbabwe.
M. Bradley, quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées depuis Port-Saïd pour essayer de construire une équipe nationale compétitive '
La tragédie de Port-Saïd a touché tous les Egyptiens et a certainement eu un impact énorme sur la famille du football. Le premier défi après cela a été de donner du temps aux joueurs et de parler avec eux pour essayer de les soutenir à tout prix. Nous avons donc dû nous adapter pour faire en sorte qu'ils retrouvent leur motivation, continuent de s'entraîner et conservent leur condition physique. Nous avons essayé d'utiliser chaque opportunité pour organiser des stages, qui à leur tour nous ont permis de communiquer et d'établir une relation de confiance. Nous avons parlé du fait que nous avons aujourd'hui une occasion spéciale, que les gens en Egypte espèrent et rêvent de la Coupe du Monde et qu'en dernier ressort, il en va de notre responsabilité. Nous avons essayé de leur dire que chaque stage est une «occasion de respirer». J'utilise cette expression de temps en temps. Il n'est pas question d'oublier Port-Saïd, mais d'utiliser au mieux le temps que nous passons ensemble pour nous concentrer sur la meilleure manière de reconstruire l'équipe et de progresser pour avoir une chance d'aller à la prochaine Coupe du Monde.
Comment le groupe a-t-il réagi '
J'ai dit et je répète que la réaction des joueurs pendant toute cette période, et la foi qu'ils ont eue, ont été incroyables. C'est le départ de tout. Ils méritent d'être félicités car ils se sont tous, à un moment donné, demandé ce qui allait se passer avec leur propre carrière. Pour la plupart, ils ne touchaient même plus leur salaire. Il a fallu mettre tout cela de côté. Ils ont enduré ces épreuves de manière remarquable. Tout le mérite leur revient. J'ai un respect énorme pour chacun d'entre eux et pour leur attitude durant toute cette période.
Les joueurs les plus expérimentés ont-ils joué un rôle ou y a-t-il eu une transition significative vers la nouvelle génération '
Un peu des deux. Vu le palmarès de certains joueurs avec l'Egypte en Coupe d'Afrique des Nations et en club avec Al Ahly en particulier, le fait est qu'il ne manque plus que la Coupe du Monde à leur palmarès. Après, il y a aussi des jeunes très talentueux, comme Mohamed Salah, Ahmed Hegazy, Mohamed El-Nenny, Mohamed Ibrahim, la liste est longue. Mais pour revenir aux cadres, un joueur comme Mohamed Aboutrika, par exemple, est en train de vivre probablement sa dernière chance de participer à une Coupe du Monde. La clé est justement que les joueurs les plus expérimentés réussissent à transmettre ce sens de l'urgence aux plus jeunes. Leur motivation fait partie de la transition qui part de l'expérience de cette formidable génération de joueurs, pour aller vers l'intégration de jeunes qui sont prêts à jouer un rôle important.
Quelle est l'importance d'Aboutrika de ce point de vue '
Quand je suis arrivé ici, à écouter les gens autour de moi, j'ai eu l'impression que nous avions vraiment besoin d'une nouvelle équipe, que certains joueurs avaient passé l'âge. Aboutrika ne jouait plus beaucoup quand je suis arrivé, et nous ne l'avons pas sélectionné pour notre premier match amical. Sa réaction en a dit long sur son caractère et son intégrité. Il ne s'est jamais plaint et a réalisé que c'était à lui de montrer qu'il pouvait toujours jouer un grand rôle dans l'équipe. Après cela, il a commencé à jouer plus souvent et j'ai pu me rendre compte qu'il apportait toujours beaucoup d'intelligence, de vision et de talent. Très vite, les gens ont commencé à dire que je n'avais pas le droit de me passer d'Aboutrika. Il est incroyablement populaire et les gens l'adorent. Ils le respectent non seulement comme joueur, mais aussi comme personne. Ensuite, le joueur a fait tout ce qu'il a fallu pour rester au plus haut niveau. C'est sans aucun doute un leader pour nous et il apporte de l'expérience et de l'intelligence d'une façon qui peut faire une grande différence dans le groupe.
Où en est l'équipe avant le match contre le Zimbabwe '
La bonne nouvelle, c'est que le championnat a repris, ce qui signifie que nos internationaux qui évoluent en Egypte rejouent régulièrement. Il y a aussi plus de joueurs basés à l'étranger. C'est le paradoxe de la situation difficile que nous avons vécue ici : elle a donné des opportunités à certains. Le sentiment général est bon. Nous jouons d'abord le Zimbabwe, puis il y aura deux autres matches en juin, et un dernier en septembre. Nous ne voulons surtout pas nous emballer, mais nous sommes fiers de nos deux premiers résultats et nous y croyons. Les qualifications africaines sont très difficiles, en particulier les matches aller et retour contre un autre vainqueur de groupe. Il n'y aura aucune marge d'erreur. Mais nous essayons d'utiliser chaque moment et chaque match pour apprendre et gagner en efficacité. Nous sommes très heureux de retrouver les qualifications pour la Coupe du Monde après neuf mois.
Vous semblez avoir formé un lien assez unique avec l'équipe. L'idée que ça ne marcherait pas vous a-t-elle à un moment traversé l'esprit '
Quand j'ai commencé à rencontrer des gens à propos de ce poste, j'ai tout de suite réalisé que ce serait un défi unique et formidable ainsi qu'une expérience incroyable. Bien sûr, c'était avant la tragédie de Port-Saïd. La réponse des joueurs a été merveilleuse. Une fois que nous avons tous compris que nous étions en mesure de faire quelque chose qui aurait une importance capitale pour tous les gens du pays, nous avons foncé. La confiance des gens est capitale. Par conséquent, je n'ai jamais douté. Dès mon arrivée, j'ai compris que ce serait une expérience à temps complet, pour ainsi dire. On m'a souvent demandé si j'avais déjà songé à arrêter et ma réponse est toujours la même : nous avons un groupe extrêmement déterminé à atteindre l'objectif que nous nous sommes fixé, à savoir être présents au Brésil pour la Coupe du Monde.
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Posté Le : 19/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fifa com
Source : www.lebuteur.com