Braderie politique

L'argent qui pollue l'exercice politique en Algérie, ce n'est pas une vue de l'esprit. C'est une réalité palpable mais qui est en train de prendre une dimension vulgaire à l'issue des élections locales, qui traînent déjà les casseroles de la fraude.
En effet, dans les assemblées locales élues où aucune majorité n'a pu être dégagée à l'issue du scrutin, des échos venant de toutes les régions du pays font état de tractations nocturnes honteuses où les milliards sont distribués à la 'veux-tu-en voilà". Tout le monde en parle, c'est l'évangile du jour.
C'est une braderie en bonne et due forme, une vente à l'enchère qui ne fait pas honneur à la classe (la crasse) politique qui se déroule en ce moment dans les communes où les urnes n'ont pas livré de vainqueur.
Le manège est simple : des formations en manque de majorité, pour pouvoir gouverner, lorgnent du côté des élus des petits partis en leur proposant des alliances, en contrepartie de sommes sonnantes et trébuchantes, payables cash et d'autres promesses en perspective.
Pour des parvenus sans scrupule, ni éthique, qui n'ont cure de la confiance que les électeurs ont placée en eux, la tension est grande. Comment ces élus, qui acceptent de vendre leur âme, comme dans un contrat méphistophélique, puissent prétendre gérer demain des assemblées locales et servir leurs concitoyens.
En tout, après les résultats des élections, ce sont ces tractations de casino qui alimentent en ce moment la chronique locale avec une opinion sidérée de voir la dérive politique atteindre un tel niveau.
Des tractations politiques, en vue de former des majorités, c'est une pratique
courante en usage dans toutes les démocraties qui se respectent. Mais que des milliards, souvent de l'argent sale, viennent ainsi peser dans la formation des exécutifs locaux, c'est là toute la mesure, dans sa splendeur, de la déliquescence du politique en Algérie. Jamais au grand jamais le phénomène de l'agent en politique n'a été aussi vulgaire, aussi scandaleux que durant ces dix dernières années. n